Critique musique : Maniwaki de Francis Faubert

Urgence émotionnelle

critique CD Francis-Faubert_ManiwakiPour son deuxième opus intitulé Maniwaki, livré sous label Coyote Records, Francis Faubert nous raconte le trop-plein d’un gars comme les autres, désenchanté, mais avec une note d’espoir. Son album commence en grand avec l’éponyme Maniwaki et son riff de guitare gras et sale, complété de paroles qui rappellent le lyrisme, plus sombrement teinté, de Jonathan Painchaud.

Cowboy déjanté du désespoir, il introduit son œuvre avec des chansons endiablées et émotionnelles qui suintent de ses expériences personnelles. La déchirante Volcan, triste ballade folk électrique, transmet la rage du drame familial et rappelle l’impuissance de l’homme lambda confronté au pire. « J’ai pris une criss de ride, j’ai pu d’fun, j’fais de la peine », ouverture de la douce Moman, résume assez bien l’état d’esprit de l’auteur-compositeur-interprète tout au long de son disque.

Si l’ensemble de l’album semble porter sur du vécu, Faubert en profite également pour remettre en question la société, la politique et la malléabilité du peuple dans Le courage est mort hier, qui marque un retour aux riffs puissants du hard rock après une envolée de chansons plus sensibles. Il entrouvre également une fenêtre sur ses visions instrumentales, via Bécyk, dissonante, rythmée, mais efficace.

Le thème de l’amour refait surface tout au long de l’album, mais pas nécessairement pour les raisons auxquelles on s’attend habituellement. On sent l’incompréhension et la douleur dans les paroles de l’auteur qui semble redouter « les caresses à crédit sous les draps des horreurs », au point de faire confiance à la bonne fortune pour rétablir l’ordre et amener un semblant de paix d’esprit.

L’au revoir de Faubert est familial et dramatique, feutré par la guitare acoustique, enveloppé de paroles sur un amour instable et bruyant, mais laisse percevoir une touche d’acceptation. « L’été va r’venir danser sur nos chairs » n’est pas seulement une façon de finir en beauté, de boucler la boucle : on sent qu’il souhaite se convaincre tout autant que son auditoire que l’équilibre existe, qu’il est réel, et qu’il prévaudra toujours.

3,5/5

Maniwaki

Francis Faubert

Coyote Records

Sortie le 9 octobre

Consulter le magazine