Photo : Élia Barbotin

Critique: Timber Timbre à l’Impérial Bell

L’Impérial Bell fourmillait, vendredi dernier, à l’occasion de la seconde représentation des Nuits FEQ de l’automne 2017. On y présentait trois formations québécoises déjà bien établies dans le milieu de la musique underground : Gaspard Eden, qu’on a connu en 2016 sous le nom d’Ego Death, le duo montréalais Organ Mood et, finalement, le groupe Timber Timbre, qui a désigné cette soirée comme la toute dernière date de sa tournée nord-américaine.

Présenté dans le cadre de la tournée du plus récent opus de ces derniers, Sincerely, Future Pollution, l’événement a brillé de par la cohérence offerte à travers les trois segments du spectacle.

La foule a doucement été introduite à la soirée par Gaspard Eden, continuité du projet folk introspectif Ego Death, mené par l’auteur-compositeur-interprète Joey Proteau. Toujours accompagné de son frère Jesse, il nous propose une réinterprétation des morceaux préalablement lancés, de même que de nouvelles pièces qui forment un pont efficace entre la mort de l’ego et la naissance d’Eden.

Accompagné de visages bien connus de la scène locale – Jean-Étienne Collin-Marcoux aux percussions et Alexandre Martel à la basse, entre autres – Gaspard Eden a su réchauffer la foule efficacement, dans une prestation fluide d’une cinquantaine de minutes qu’on aurait souhaitée plus longue.  

Une expérience immersive

Organ Mood transporte ensuite aisément la foule, à ce moment abondante, dans leur univers désincarné, aérien. Christophe Lamarche-Ledoux, dissimulé derrière un grand écran, s’adresse au public en mentionnant que sa présence serait entendue, mais non vue.

Puis, appelant à la contribution du public pour certaines pièces, il offre des mélodies organiques et enveloppantes, qui s’inscrivent en symbiose absolue avec les images projetées à l’écran. À travers les spectateurs entraînés au son des oscillations électro se trouve effectivement Mathieu Jacques, qui se donne à un jeu d’alternance d’images sur acétates partagées entre les quatre rétroprojecteurs qui s’animent d’eux-mêmes.  

L’expérience est immersive et la prestation de chacun, sans faille. Le public se retrouve inévitablement en sorte d’admiration devant ces images plus grandes que nature, dans un espace où chaque recoin est parfaitement habité par le son.

Harmonieux mélange de nouveaux et d’anciens titres

Se présentent ensuite les membres du quatuor Timber Timbre : Simon Trottier à la guitare, Mathieu Charbonneau au clavier, Mike Wheaton aux percussions et Taylor Kirk au chant, sur une scène dépouillée d’artifices. Ils entament leur segment avec la pièce éponyme du dernier album, Sincerely, Future Pollution, dotée d’un instrumental lourd qui, d’une certaine manière, se veut terre à terre. La voix du chanteur, chaude, envoûtante, est fidèle à ce qui nous est présenté dans les différents opus du groupe.

Le groupe interprète un harmonieux mélange de nouveaux comme de plus anciens titres, auxquels la foule réagit d’ailleurs positivement ; Hot Dreams, sensuel morceau ponctué d’un agile solo de saxophone, est livré avec justesse, alors que le son entraînant de Creep On Creepin’ On se voit décoré de touches plus pesantes, qui captivent et façonnent une ambiance confortablement angoissante. 

Sans interruption, la formation nous tient en haleine jusqu’à Woman, dernière pièce avant un rappel réclamé de tous. Quatre dernières, qui laissent certains plus capricieux sur leur faim : l’omission de Bad Ritual et Black Water en décevant plusieurs. 

Une emphase instrumentale est d’ailleurs évidente tout au long de la prestation, l’allongement des pièces permettant des transitions fluides et efficaces. Or, autant cette mise de l’avant est-elle pertinente à certains moments, autant la perdons-nous pendant d’autres. Certaines pièces se voient effectivement interprétées dans un rythme plus rapide qui, d’une certaine manière, déstabilise les oreilles connaisseuses. 

Malgré tout, les musiciens sont généreux, et nous offrent un numéro d’environ une heure qui témoigne parfaitement de l’ambiance complexe créée à travers les différents albums. Le spectacle s’est donc développé dans une ambiance concordante tout au long de la soirée, le remarquable travail des deux premières parties étant impossible à laisser sous silence.  


Il est possible d’ailleurs de suivre l’évolution de Gaspard Eden le 30 novembre prochain, au District Saint-Joseph, alors que les deux autres formations n’ont aucun événement de prévu à l’horaire pour le moment. 

Consulter le magazine