Croquer dans Pomme S !

Après nous avoir raconté les vies mouvementées et parfois tragiques de Johnny Weissmuller et de Richard Brautigan, Éric Plamondon nous présente dans son troisième et dernier livre de la trilogie 1984, Steve Jobs, fondateur de la compagnie Apple et maître du marketing. Parmi de nombreuses références mythologiques, historiques et populaires, Gabriel Rivages, le narrateur et personnage principal du roman, dépeint la vie de cet homme de façon anecdotique tout en y ajoutant des épisodes de sa propre existence. Il tisse des liens entre cet homme notoire et sa propre vie en créant aussi des rapprochements avec les autres personnages déjà introduits dans les livres précédents : Tarzan et le dernier des beatniks. Entre le mythe de Prométhée et le film culte Blade Runner, il parle, à travers de courtes histoires, de l’évolution et du succès de ce personnage qui se retrouve maintenant au même niveau que les célébrités hollywoodiennes. Mais attention! Ce livre n’a rien de biographique. Il s’agit plutôt d’un survol du mythe de l’Amérique, voire le rêve américain, et de la culture populaire à laquelle nous sommes exposés tous les jours. D’ailleurs, l’auteur porte un regard souvent très critique sur cet homme qui a grandement influencé la modernité et l’évolution de la technologie. Dans cette même lignée, il porte aussi un jugement parfois sévère sur la grande légende qu’est l’Amérique et son illusion de succès et de bonheur à portée de tous.

Écrit dans un style éclectique et innovateur, Pomme S d’Éric Plamondon est une lecture rafraîchissante. Avec l’utilisation ingénieuse de poésie et de prose, ce livre respire et se lit en toute légèreté malgré son contenu parfois ardu qui traite d’informatique, de mathématiques et d’autres anecdotes historiques et littéraires en lien avec l’ordinateur qui causeraient normalement des maux de tête. Le livre est parsemé d’humour et de plaisanteries. Ses nombreuses allusions à la culture populaire que nous connaissons tous très bien nous font sourire et nous donnent l’impression de vivre une certaine complicité avec l’auteur. Dans ce même esprit, on y trouve aussi une belle réflexion sur la jeunesse et le lien qu’un parent entretient avec son enfant. Car le narrateur, raconteur de grandes vies américaines, est avant tout un fils et un père. Les petites histoires que l’auteur insère dans le texte portant sur son fils ou la vie parentale sont parfois usitées et manquent un peu d’originalité. Elles sont tout de même attendrissantes et universelles : nous nous voyons tous dans ces courts récits, soit comme enfant, soit comme parent. Mais le livre est avant tout une œuvre intelligente. Les nombreuses références et allusions font preuve de grandes recherches et de connaissances. Lire un livre de Plamondon c’est aussi apprendre quelque chose de nouveau! Pomme S est un roman original et amusant qui clôt bien la trilogie.

Genève Rousseau 

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