Photo : Pascal Huot

…De l’infini : de la poudre de perlimpinpin, vraiment?

Photo : Pascal Huot

Création collective : les mots terribles sont bien écrits là, sur le programme. C’est donc à une plongée vers l’inconnu que nous convie la troupe Les Treize, pour cette quatrième production de la saison, présentée du 14 au 18 novembre au Théâtre de Poche. Mais quel inconnu ? La réponse, tout compte fait, surprend agréablement : Les Treize livre ici une pièce honnête, certes inégale, mais dans l’ensemble assez bien réussie.

Nathan Murray

Le tout com­mence, il est vrai, par une vaine, la­borieuse — et un brin prétentieuse ?— décla­mation sur le temps, où qua­lificatifs et mots inutiles s’en­chaînent gravement, répétés en canon par toute la troupe. Aïe. Mais ensuite, l’histoire se déroule avec efficacité, sinon avec élégance, et l’on découvre un univers à la fois charmant et touchant : celui d’un joyeux groupe d’amies. Toutes un peu folles, il faut bien l’avouer, mais terrible­ment attachantes. On suit les six compères — Sophie, biologiste rêveuse; Daphnée, militante globe-trotter; Mu­rielle, architecte exaltée; Julie, photographe française aussi franche que drôle, qu’accom­pagne sa demi-soeur Anna­belle, handicapée naïve et émerveillée; et finalement Lucille, jolie fille un brin com­plexée — depuis leur plus tendre enfance, et on traverse avec elles délires enfantins, rêves de jeunesse et épreuves d’adultes. Pour les accompa­gner, un seul homme : Paul, le frère de Lucille, destiné à tomber amoureux de Sophie, avec qui il aura une fille, Alice. Alice qui revient régulière­ment sur scène pour nous lire des lettres, tantôt amères, tantôt tendres, destinées à Sophie, sa mère disparue.

C’est vers cette «dispari­tion» que s’achemine le récit, entre deux lectures épisto­laires : lentement, alors que des scènes de la vie des pro­tagonistes se succèdent les unes après les autres, comme autant de pièces de casse-tête, on comprend le pour­quoi de cette correspondance imaginaire. Le ton est par­fois naïf, presque enfantin, d’autres fois grave ou faus­sement philosophique : il y a quelques ruptures, et on préférera l’univers de la «poudre de perlimpinpin» à celui des larmes. Pour le reste, si le décor a quelque chose de poétique, la mise en scène ne convainc guère. Heureuse­ment, les actrices se révèlent convaincantes — l’acteur, lui, l’est moins —, et l’on passe en leur compagnie un agréable moment.

Consulter le magazine