Émile Bilodeau : La rime et l’humour comme moteur de création

Vingt ans, et hop, un album et une tournée à travers le Québec. Ambitieux, cet Émile Bilodeau, c’est le moins qu’on puisse dire. L’auteur-compositeur-interprète n’hésite pas à s’investir dans ce qui le passionne. « On grandit en se faisant dire : “c’est beau ta passion, mais fais-toi un plan B”. Moi je mets l’accent sur mon plan A. J’essaie de dire aux autres : “assumez vos rêves”. »

Rite de passage, titre de son premier album, se veut représentatif d’une transition de l’adolescence à la vie adulte. « Dans nos sociétés occidentales, un rite de passage, c’est souvent avoir son char, c’est souvent des évènements du genre avoir son baccalauréat. Pis ça –  c’est toujours ce que je dis, à la blague – c’est toujours ce que j’aurai jamais. » Cette touche d’humour pour affirmer qu’il ne coïncide pas avec une idéologie sociale, on la retrouve dans chacun de ses textes.

Se laissant porter par les possibilités sonores du langage, il enchaîne rimes et rythmiques pour partager un discours sur la société qui, par le sarcasme, les jeux de mots et une douce folie, revisite les lieux communs d’une nation.

« Pop-folk identitaire », c’est ainsi qu’il caractérise le genre de sa musique, pour mettre en valeur cette dimension sociale, voire nationaliste. « Je consomme beaucoup de musique québécoise et je trouve ça important de dire dans mes chansons : “écoutez, gang, faut s’affirmer”. C’est limite nationaliste, mes chansons, des fois. Quand je dis dans J’en ai plein le cass “tout mon peuple qui s’écroule”, je fais un clin d’œil aux deux référendums, aux deux fois où on a dit non à notre indépendance. »

Des collaborations enrichissantes

Lors de l’enregistrement de l’album dont le lancement avait lieu le 7 octobre, Émile a pu profiter de l’expérience de tous ceux avec qui il a travaillé : Philippe B, réalisateur (Les Sœurs Boulay), Pierre Fortin, à la batterie (Galaxie, Gros Méné), Michel-Olivier Gasse, à la basse (Saratoga) et Alexis Dumais, au piano (Bernard Adamus). Affirmant que tous se sont proposés pour remplacer l’un de ses musiciens au besoin pendant la tournée, Émile ne peut s’empêcher d’ajouter, sur le ton humoristique qui le caractérise : « j’essaie de penser à une manière de tuer mes musiciens ! ».

Il ne manque toutefois pas de souligner la qualité exceptionnelle de ceux qui seront sur scène avec lui. Il insiste sur l’aspect jeune et dynamique d’« Émile et sa bande ». « À chaque fin de show, les gens capotent parce qu’ils sont surpris par notre professionnalisme, par l’expérience qu’on a derrière la cravate. C’est une vingtaine qui surprend, ce show là. »

Plusieurs spectacles sont annoncés pour l’auteur-compositeur-interprète. De passage au Vieux Bureau de Poste à Lévis le 25 novembre (complet), à l’Impérial Bell le 15 décembre (en première partie de Bernard Adamus) et au Théâtre Petit Champlain le 8 février, il est impatient de renouer avec le public de la Capitale-Nationale. « Ces gens-là ont une soif de culture pis je pense que ce qui les différencie, c’est qu’ils aiment ce qui est marginal. Ça, je pense que c’est ce que je représente. »

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