Entrevue avec Dumas : Le plaisir de l’errance

Avec un deuxième disque éponyme en carrière, Dumas semble vouloir brouiller les pistes. À 35 ans, l’auteur-compositeur-interprète ajoute à sa phénoménale discographie un sixième titre incontournable qui ne manque pas de rappeler ses premiers opus.

« Mes collaborateurs avaient ce souci que quelqu’un qui m’a découvert en 2003 avec Le cours des jours, en écoutant le nouveau disque, ne soit pas si perdu que ça, qu’il ait l’impression de me retrouver », avoue l’artiste. À l’écoute de ce nouvel album, sorti le 24 novembre dernier, l’auditeur échappe donc au total dépaysement. Il renoue avec la mélancolie et les textures sonores de titres comme J’erre qui, autrefois, avaient révélé Dumas comme un musicien de haut calibre. « Dans Le cours des jours, il y avait une espèce d’intimité qui est là dans tout l’album et on voulait refaire ça. »

Toujours sensible à l’avant-garde et aux sonorités non-conventionnelles, Dumas ne rumine pas pour autant le passé dans ce nouveau disque. À titre de preuve, il a complètement repensé sa façon de faire. Le créateur autrefois solitaire s’est armé de deux collaborateurs, Étienne Dupuis-Cloutier et Jonathan Dauphinais, musiciens chevronnés. À la suite d’un coup de coeur pour Charlotte before Christ, le roman trash du jeune écrivain Alexandre Soublière, il a également réquisitionné le talent de l’auteur pour l’écriture des paroles. « Avec cet album-là, je me suis ouvert. Ça m’a enlevé un poids d’écrire avec quelqu’un et, en même temps, étrangement, ça m’a permis d’être plus personnel dans les textes, d’assumer les trucs plus directs, à fleur de peau. »

Côté musique, le travail en équipe a entre autre poussé l’auteur-compositeur-interprète à endosser des sonorités plus pop. « J’aime ça quand il y a des hook, Étienne et Jonathan m’ont fait assumer ce côté pop qui était là à l’époque de J’erre », raconte-t-il à ce propos. « Ça m’a permis de me sortir un peu de mes repères.»

En est ressorti un album infusé de la musique soul des années 70 avec beaucoup de basse : « Je voulais que ça groove, une énergie qui va vers l’avant mais, en même temps, une espèce de mélancolie qui est assumée dans les textes, dans les mélodies », admet le musicien. « J’aime ça quand il y a des moments plus intimes mais, aussi quand les gens dansent.»

La quatrième piste de l’album, Une journée parfaite, est une de celles qui sont teintées de ce groove. « C’est une référence à une journée avec mon fils. Mais, une journée parfaite, c’est aussi un spectacle, quand je fais un show et les gens sont venus, sont au rendez-vous.»

Dumas est un de ces artistes sans qui la culture musicale québécoise n’aurait pas le même visage aujourd’hui. Discret, il s’est forgé au fil des années un univers sonore bien à lui sans craindre le risque et la nouveauté.

« Je me sens plus serein, justement, de travailler avec d’autres, de me mettre en danger, c’est ça qui me rend le plus heureux. […] Je suis serein par rapport à la musique, à l’industrie, par rapport à ce quinze ans là qui n’est pas parfait, qui a des hauts et des bas mais, je suis rendu cool avec ça. J’aime ça errer de collaboration en collaboration, et, comme en 2003, c’est le bonheur quand j’erre. »

Dumas sera en spectacle le 16 avril prochain au Théâtre Petit Champlain.

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