Les Treize : en alexandrins, enfin !

Pour la première fois depuis plus d’un demi-siècle, les planches du Théâtre de poche de l’Université Laval verront re retour du théâtre classique — en alexandrins ! —  dans le répertoire des Treize, avec la Médée de Corneille, présenté le 26 novembre prochain. Impact Campus s’est entretenu avec Marjolaine Guilbert, metteure en scène de la pièce, à propos de ce retour que l’on n’espérait plus.

Il y a quelque chose d’irrésistible, un rythme ensorcelant, une puissance insoupçonnée, dans un vers aux douze pieds bien sonnés. Marjolaine Guilbert l’avoue d’emblée : avant même Médée, à l’origine de cette ultime pièce de la saison des Treize, il y avait « ce désir de travailler les alexandrins ». Jointe au téléphone alors qu’elle arpentait la ville, elle poursuit, un peu essoufflée : « Je voulais avoir l’opportunité de travailler corporellement, de travailler le rythme dans le spectacle ».

Pour cette raison, la metteure en scène avait d’abord songé à la comédie. Souhaitant éviter Molière, « joué partout, tout le temps », elle s’est heurtée à Corneille, grand maître du tragique. Heureuse rencontre, dont Médée, cette pièce « tout en mouvement, en dynamisme, toujours en train d’avancer », est le fruit.

Il fallait oser, cependant, pour monter un tel projet. Si, comme le rappelle Marjolaine Guilbert, aucune pièce en alexandrins n’a été présentée par les Treize depuis des lustres, c’est qu’ils provoquent une certaine crainte chez les comédiens amateurs. Celle qui en est à sa septième mise en scène pour la troupe a même cru remarquer une baisse d’affluence aux auditions… Cependant, le jeu en valait la chandelle. « Il faut se laisser le temps de les apprivoiser », insiste la femme de théâtre qui vante la « musicalité du théâtre classique ». Elle renchérit ensuite rapidement : « C’est rare que c’est monté, même au professionnel, et les amateurs ont encore moins d’opportunités ». Bref, pour toute l’équipe de la production, Médée, c’était une chance inouïe !

Si elle respecte les douze pieds du théâtre classique, la Médée des Treize ne sera pas pour autant figée dans le passé. Avant Corneille, Sénèque et Euripide avaient déjà transposé au théâtre le mythe de Médée, cette sorcière ayant aidé Jason à s’emparer de la toison d’or, avant d’être abandonnée par lui et laissée « devant plus rien, plus de terre où aller, plus d’espoir du tout, seulement un grand vide ».

Pour Marjolaine Guilbert, la pièce proposée est en fait un heureux mariage qui « contient des traces de l’Antiquité et de théâtre classique, mais aussi une esthétique plus contemporaine ». Musique et chorégraphies garderont acteurs et spectateurs perpétuellement dans l’action, plongés dans un drame humain et relationnel grandiose, coupé de ses racines mythologiques. Si le texte de Corneille n’a été que très peu modifié, il a cependant été raccourci afin de maintenir le plus grand dynamisme possible. Les cinq actes de la Médée du grand tragédien faisaient plus de deux heures, mais la pièce présentée au Théâtre de poche n’excédera pas une heure vingt. « Ça va être intense ! », promet d’ailleurs la metteure en scène, enthousiaste.

QuoiMédée de Corneille

Qui : Les Treize

: Le Théâtre de poche de l’Université Laval

Quand : Du 26 novembre au 7 décembre à 20h sauf le 30 décembre et le 7 décembre où la représentation sera à 15h.

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