Fanny Bloom au Cercle : Une prestation en demi-teintes

Le premier spectacle de Fanny Bloom à Québec, pour défendre Pan, son deuxième album solo, a été quelque peu décevant le 7 mars dernier au Cercle. Alors que le disque donne envie de danser, le public a peiné à se déhancher tout au long d’un show que l’artiste montréalaise qualifie pourtant de « festif » sur ses réseaux sociaux.

Vous avez peut-être eu l’occasion de la voir en première partie de Coeur de Pirate en 2013 : Fanny Bloom assurait seule au piano en présentant les chansons mélancoliques de son premier album, Apprentie Guerrière. En totale symbiose avec son instrument, on sentait tout de suite que l’auteure-compositeure-interprète était dans son élément. On en attendait donc beaucoup de cette nouvelle formule avec band dans laquelle le public aurait pu découvrir une toute autre facette de Fanny, celle plus enjouée et un peu moins mélancolique, à l’image de son dernier opus.

Entrée en toute discrétion avec ses deux musiciens (guitare, batterie) sur scène, Fanny Bloom laisse présager une prestation en toute simplicité. Des vagues sur le piano et autres éléments décoratifs qui nous rappellent la plage laissent même penser qu’on passera à l’heure d’été bien plus tôt. Étonnement, Fanny Bloom ouvre son spectacle sur Blanc, une chanson assez calme du deuxième disque. L’ambiance monte tout doucement avec Danse où l’artiste n’hésite pas à quitter son piano pour partir se dandiner dans le public. L’effet aura été de courte durée.

De la mélancolie à n’en plus finir

Au lieu de continuer sur des chansons dans une lignée dynamique pour chauffer le public, Fanny Bloom retombe dans ses chansons mélancoliques. De beaux moments tout de même avec Sammy Sammy dont le vidéoclip vient d’être tourné – apprend-on par la même occasion – ou encore DeadBird, l’une de ses collaborations avec Misteur Valaire. Malgré ça, on sent parfois l’artiste trop hésitante sur scène et l’interaction avec le public se fait trop rare.

Les deux musiciens s’éclipsent le temps de deux chansons où Fanny retrouve ses premières amours, seule au piano. Les spectateurs ont l’occasion de découvrir une nouvelle composition, Diachylon, qu’elle joue seulement pour la deuxième fois en spectacle.

Le groupe revient accompagné de Robert Hébert de Misteur Valaire, aussi compagnon de Fanny dans la vie, qui joue les deux dernières pièces à la trompette. Son arrivée marque (enfin) le retour d’une ambiance plus dansante avec Piscine, succès de l’été 2014, dans une version live chaleureuse, très réussie. Le rappel est sage et Fanny se libère de son instrument pour interpréter une version reggae d’Évidemment. Quel gâchis quand on sait que la partie instrumentale de cette chanson sur le disque aurait pu offrir une apothéose bien plus valorisante.

Heureuse d’être là certes, Fanny Bloom a sûrement fait des fautes de rythme dans le choix de l’ordre des chansons. On nous avait promis du « festif », mais finalement on aurait pu profiter du spectacle assis, en formule cabaret.

La belle surprise de la soirée : Le Couleur

Le groupe Le Couleur avait pourtant ouvert la soirée de façon entraînante. Dans un style digne des boîtes de nuit des années 80, le trio montréalais y est allé crescendo et le public a été très vite pris au jeu. Leur EP Dolce Désir, sorti le 17 février dernier, a pris toute son ampleur sur scène et les trois membres du groupe se sont donnés corps et âme à leur instrument pour le défendre. La chanteuse Laurence Giroux-Do au charisme indéniable a su séduire et chauffer le public jusqu’à la dernière chanson. On en redemande en espérant les revoir au Festival d’Été de Québec 2015.

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