FME: Le festival qui comble les oreilles et les cœurs

Le week-end de la fête du travail est pour beaucoup l’occasion de faire un dernier road trip estival. Ceux qui ont arrêté leur choix sur Rouyn-Noranda en Abitibi-Témiscamingue, où se tenait la 14e édition du Festival de musique émergente (FME), n’ont certes pas été déçus.

Il est vrai qu’il faut être motivé pour parcourir la longue route qui mène à Rouyn-Noranda, tout particulièrement vers la fin du parcours, quand la réserve faunique La Vérendrye, malgré la beauté de ces paysages aux lacs immenses et aux forêts verdoyantes, semble ne jamais vouloir finir. Mais c’est peut-être justement le secret du succès de ce festival: la distance servant en quelque sorte de filtre, il ne s’y trouve que de véritables passionnés de musique qui se mêlent aux « gens de la place », fidèles à cet événement devenu un incontournable de la région.

Il y a 12 lieux de diffusion intérieure (salles de spectacles et bar) et une grande scène extérieure, qui présente des spectacles gratuits d’envergure et chaque jour plusieurs shows surprises dans des lieux inusités tels qu’une ruelle ou la presqu’île du lac Osisko. On s’en met plein les oreilles, de midi jusqu’aux petites heures de la nuit.

Dans l’ambiance festive et effervescente de l’évènement, on croise artistes, journalistes, professionnels de l’industrie et « trippeux » de musique de tout horizon. Au détour d’une conversation sur les shows les plus marquants de la journée, on aborde la question de l’émergence. Quand parmi les têtes d’affiche on retrouve Galaxie, Yann Perreault et Half Moon Run, ne fait-on pas une petite entorse au concept? Généralement, on s’entend pour dire que ceux-là ont « émergé » depuis un moment déjà , mais il demeure que le FME fait la part belle aux découvertes et que chacun en ressort avec au moins un nouveau coup de cœur. Et à ceux qui demeureraient sceptiques quant à la terminologie, on en propose une nouvelle: « le Festival de musique émerveillante », voilà pour ça!

Moments de musique inoubliables

Des moments de grâce musicaux, il y en a eu beaucoup au cours de ce week-end. En voici quelques-uns qui ont retenu notre attention.

Yonatan Gat

Dans la salle minimaliste que forme le sous-sol du petit théâtre du Vieux-Noranda, Yonatan Gat s’installe avec le batteur Gal Lazer et le bassiste Sergio Saye, non pas sur la scène au fond, mais en plein milieu, à même le sol, le public formant un cercle concentré autour d’eux. L’image de cette communion musicale est saisissante, presque autant que le son psychédélique de cette fusion de rock et de jazz aux accents punk que le trio, conduit par le guitariste new-yorkais d’origine israélienne, interprète avec virtuosité.

Samito

C’est au grand soleil de midi que se tenait samedi le spectacle de Samito, chanteur mozambicain qui habite aujourd’hui Montréal. C’est sous le signe de la bonne humeur et d’une visible complicité avec ses musiciens qu’il a interprété ses chansons qui allient musique africaine et grosse électronique. Elles mêlent le français, l’anglais, le portugais et le chitswa. L’artiste a su faire danser le public où se côtoyaient jeunes familles et créatures de la nuit fraîchement émergées de la veille. Un beau moment ensoleillé pour se rappeler qu’il reste encore quelques semaines à l’été.

The Barr Brothers

Un cœur ne peut rester de glace au contact des mélodies envoûtantes du groupe montréalais à géométrie variable dont les frères Barr (Andrew et Brad) et leur complice harpiste Sarah Pagé sont les piliers centraux. Les magnifiques harmonies vocales dans les douces balades et l’énergie puissante de leurs hymnes ont littéralement électrisé l’Agora des arts, cette église reconvertie en salle de spectacle qui était pleine à craquer pour l’occasion. Malgré la chaleur propre au lieu, on en avait des frissons.

 

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