Critique littéraire : Les excursions de l’écureuil de Gyrdur Elíasson

Une aventure à dessiner

La maison d’édition saguenéenne La Peuplade propose ce mois-ci un autre roman venu d’ailleurs. Les excursions de l’écureuil, de l’Islandais Gyrdir Elíasson, entraîne le lecteur dans le quotidien et l’imagination d’un gamin. Auteur reconnu et primé, Elíasson signe ici un récit tout en douceur et carburant à la candeur enfantine.

Sigmar, Les exursions de l'écureuilun jeune garçon, tente de tromper l’ennui du mieux qu’il peut. Bjorg et Ágúst, qui semblent être ses parents ou peut-être seulement ses tuteurs, ne lui sont pas de grand recours. Au contraire, Sigmar perçoit les deux adultes comme des entraves à son amusement, tant par des règles que des contraintes et de ce fait, l’enfant dissimule systématiquement ses activités.

Sigmar en vient à finalement trouver une occupation. Attablé à la cuisine, une grande feuille couvrant la table au complet, le garçon dessine ce qui lui passe par la tête. D’abord, un écureuil. Puis, il se met à raconter son histoire. « J’écris et suis déjà entré à moitié dans le dessin. » Mais malheureusement pour lui, Bjorg vient préparer le souper et jette du même coup tout son travail dans le poêle à bois.

La lecture comme évasion

Si le contexte est non sans rappeler Réjean Ducharme, c’est-à-dire d’explorer le monde selon la perspective de l’enfant, le mode d’action diffère entre les deux auteurs. La Bérénice de L’avalée des avalés est active, maître de son destin. Elle fonce dans la vie et espère avoir une emprise sur son existence. Avec Sigmar, il est plutôt question d’un gamin qui se laisse bercer par le monde qui l’entoure. Il ne se pose que peu de questions et ne remet rien en cause. Sans nécessairement subir, le jeune garçon permet aux jours de suivre leur libre cours et cherche tout naïvement à les meubler comme il le peut.

Ce qui est intéressant dans ce roman,  c’est sa progression narrative. Sans qu’il n’y ait de vagues, le lecteur est lentement amené et invité à pénétrer dans le monde que Sigmar se construit. Page après page, il devient l’invité privilégié de cet univers tant fantasmé qu’éphémère. Le seul bémol serait peut-être la lenteur du récit à bien s’installer. Les brefs chapitres, de souvent deux pages et l’évolution de l’intrigue plutôt fragmentaire font en sorte que l’amorce du roman entraîne une certaine confusion.

Le contexte de l’histoire qui tarde à se dévoiler pourrait en rebuter plus d’un, surtout pour une œuvre de moins de 100 pages. Toutefois, l’expérience en vaut la peine. Les pièces du casse-tête que peut représenter le roman prennent du temps à se mettre en place, mais une fois fait, le résultat est très plaisant.

Sans révolutionner le genre, Les excursions de l’écureuil offre au lecteur un voyage qu’il serait bête de refuser. Ce court roman est une lecture qui fait du bien et la douce naïveté qui caractérise la narration ne peut que faire sourire.

 

3,5/5
Les excursions de l’écureuil
Gyrdir Elíasson
La Peuplade
En librairies depuis le 7 février
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