Photo : Courtoisie, David Mendoza

L’un avec l’autre… ou pas

Closer – tout contre toi est une pièce intrigante jouant sur des notions d’enlacement et d’éloignement. Navigant sur une thématique de vérité et de désir, les quatre personnages se parlent aisément de sexe comme s’ils discutaient de la pluie et du beau temps. 

Écrite par le dramaturge britannique Patrick Marber en 1997, la pièce Closer est traduite en français, en 2003 par Fanny Britt. D’origine québécoise, elle glisse dans sa traduction plusieurs jurons, qui ne servent pas tous les personnages, et qui portent à oublier le lieu principal de la pièce: Londres. Malgré tout, le texte est traduit avec finesse et rend bien le propos de Patrick Marber. 

Le Théâtre du Périscope nomade fait une halte au Centre des congrès de Québec, le temps d’une production, s’associant au Théâtre Niveau Parking, producteur officiel de la pièce. Cette escale permet ainsi de créer l’effet d’une boîte et d’en faire une salle de spectacle non conventionnelle. Dans le milieu de la salle, la scène, sous forme de «I» majuscule, et des sièges disposés de chaque côté des longueurs, font vivre aux spectateurs une expérience des plus déstabilisantes, vu la proximité. La mise en scène faite par Marie-José Bastien est tout simplement réfléchie, efficace et originale. 

Clair et obscur 

Daniel, un écrivain raté (David Bouchard), Alice, une effeuilleuse (Claudiane Ruelland), Larry, un dermatologue (Jean-Michel Déry) et Anna, une photographe (Alexandrine Warren), cohabitent sur la même scène. À première vue rien ne semble les rassembler, pourtant des coïncidences les réunissent, les dévoilant sous leur vraie nature. Nous comprenons la formation des couples respectifs, qui mène à des échanges de couple, tout en suivant les obsessions de chaque personnage.  

Avec un si petit effectif, les quatre interprètes n’ont pas le temps de chômer durant le spectacle. S’ils ne sont pas sur scène, ils sont en changement de costumes ou en préparation du prochain décor à venir. Cette danse est magnifiquement bien exécutée et ajoute un certain niveau de difficulté.  

Dans une histoire rocambolesque se déroulant sur deux ans, il est parfois difficile de suivre l’évolution, même si tout est orchestré pour aider les spectateurs à s’y retrouver. Les quatre comédiens, tous issus du Conservatoire d’art dramatique de Québec, échangent des répliques très directes tant sur les conflits silencieux que les stratégies troubles ou l’ambiguïté. La musique, dont les crédits vont à Mycalle Bielinski, qui a d’ailleurs créé celle de Titus également présentée par le Périscope plus tôt cette saison, complète les dialogues avec beaucoup de sensibilité et joint vraiment bien les sujets abordés tout au long de la pièce. 

Closer – tout contre toi consiste en un travail colossal pour une si petite distribution. À la fois drôle et crue, la pièce joue sur plusieurs tons dont la séduction et la complicité. David, Claudiane, Jean-Michel et Alexandrine réussissent tous le défi avec brio. 

Exposition de photos

David Mendoza Hélanie est le photographe mandaté pour ce spectacle. Il a signé de superbes clichés, qui mettent en scène les comédiens de Closer. Quelques-unes ont été retenues pour la promotion du spectacle, les autres sont exposées dans le hall de la salle de spectacle. Arrivez tôt pour prendre le temps d’admirer ses œuvres.  

 Closer-Tout contre toi est présentée au Centre des congrès de Québec jusqu’au 22 février. 

Consulter le magazine