La Matrice : Résurrections — Acceptons la vérité…

Malgré les deux suites en deçà des attentes, La Matrice est encore à ce jour un modèle pour tout film de science-fiction et d’action. Ainsi, continuer cette franchise s’avérait un choix audacieux. Deux possibilités étaient envisageables : La Matrice : Résurrections serait une réussite, se permettant de gagner de nouveaux fans au passage, ou serait un échec retentissant.

Par Anthony Lajeunesse, journaliste multimédia

Hélas, la deuxième option l’emporte, annulant tout espoir suscité par la présence de Keanu Reeves et celle de Carrie-Anne Moss.

Thomas Anderson (Keanu Reeves) est maintenant un populaire concepteur de jeu vidéo. Il doit son succès professionnel à son jeu La Matrice, basé sur de lointains et de mystérieux souvenirs (illustrés par de nombreux extraits des anciens films). Souffrant d’une perte de contact avec la réalité, Anderson consulte un psychologue (Neil Patrick Harris), qui lui prescrit des petites pilules bleues. Lorsqu’il est retrouvé par Morpheus (Yahya Abdul-Mateen II), un programme de son jeu vidéo, Anderson voit sa réalité chamboulée davantage. Encore une fois, il se fera demander de suivre le lapin blanc et un choix important lui sera imposé.

Jusque-là tout allait bien, mais c’est après que ça se complique. À la suite du fameux choix mentionné plus haut, que vous devinez peut-être d’ailleurs, La Matrice : Résurrections s’avère de moins en moins intéressant. La deuxième moitié du film devient, petit à petit, plus complexe avec des explications scénaristiques à n’en plus finir. Résultat : on s’égare devant un scénario laborieux.

Le charme de Keanu Reeves n’est malheureusement pas suffisant pour restituer notre attention portée au long-métrage. Même que l’acteur, tout comme son personnage, semble un peu perdu dans cette nouvelle itération de La Matrice. Il se contente de livrer ses lignes. Pour ce qui est de Carrie-Anne Moss, on regrette un scénario qui ne l’implique pas assez. Au moins, Yahya Abdul-Mateen II semble s’amuser en incarnant une nouvelle version de Morpheus.

Les défauts du scénario auraient eu la possibilité d’être excusés par d’excellentes scènes d’action, à l’instar deLa Matrice Rechargée et de La Matrice Révolutions. Fâcheusement, même à ce niveau, La Matrice Résurrections déçoit. Nous avons droit à des séquences d’action filmées avec une caméra beaucoup trop près des personnages et une surenchère de coupures inutiles. Il ne reste qu’à réécouter La Matrice et à contempler à quel point ce film s’avérait au-delà de son temps avec ses chorégraphies de combats.

Si vous n’avez pas d’attentes et que vous êtes à la recherche d’un divertissement d’action, La Matrice : Résurrections pourra peut-être vous plaire. En revanche, vous risquez de vous perdre dans son manque de simplicité et dans ses multiples liens avec les films originaux. Jouant énormément avec l’aspect de la nostalgie, à la manière d’autres franchises récemment (Spider-Man, Star Wars), la nouvelle production de Lana Wachowski est, amèrement, une suite de trop. Après le dernier plan – ridicule, quasiment tiré d’une comédie romantique –, on ne peut que se dire : « Mais à quoi donc servait ce film ? »

© Crédits photo:  Warner Bros

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