Photo : Hubert Gaudreau

Monter pour redescendre

Photo : Hubert Gaudreau

L’auteur-compositeur-interprète Louis-Jean Cormier, que l’on a découvert comme leader de la formation Karkwa, a profité de la pause que cette dernière s’est imposée pour mettre de l’avant son projet solo. Le 25 septembre dernier, il livrait Le treizième étage, un premier album composé de douze pièces dont plusieurs se sont déjà hissées au sommet des palmarès.

Miléna Babin

«Récemment, avec la pé­riode de disque solo, ma ges­tation person­nelle, je me suis découvert, je me suis affirmé. Je m’étais toujours considéré comme un apprenti poète un peu char­latan. J’écrivais des choses qui n’étaient pas toujours claires. Mais dernièrement j’ai eu la chance de jongler avec les mots de Gaston Miron, ce qui est assez intimidant. [ … ] Avec mon ami Daniel Beaumont (parolier de Tricot Machine, coauteur du Treizième étage), j’ai appris à me connaître, à me positionner dans le milieu de la plume et de l’écriture.»

C’est une aventure assez au­dacieuse que de se lancer dans l’écriture à quatre mains, sur­tout pour un premier album. «J’avais besoin de quelqu’un qui allait m’aider à me sortir de mon carcan, [ … ] à dire des choses plus terre-à-terre, plus intimes.»

Après avoir composé plu­sieurs chansons, toutes en­registrées sur son iPhone et numérotées de 1 à 9, il s’est risqué à envoyer une première ébauche à Daniel.

«Je lui ai envoyé la numéro trois, freelance. Il m’est revenu avec L’ascenseur. Au début j’étais pas sûr, puis un moment donné j’ai lu “où c’est qu’on descend”. Je me suis dit, hein? Je n’aurais jamais écrit ça comme ça. [ … ] C’est un peu ce qu’on avait ressenti avec Karkwa. “Entre l’amour et la voie d’accotement, où c’est qu’on descend”. Puis je me suis aperçu que tout ce qu’il avait écrit “fitait” parfaitement dans les cases. [ … ] Je me suis dit, il l’a trouvé!»

Ça aura été l’occasion d’ex­périmenter une méthode de travail différente, puisqu’avec Karkwa, ils avaient l’habitude d’ajouter les paroles une fois la musique et les arrangements terminés. «Il n’y avait pas vrai­ment d’échange par rapport aux mots avec le band, mis à part le sujet. [ … ] Avec Daniel, il y avait beaucoup de “qu’est-ce t’en penses”, ça a fait du bien. Ce qui me fait le plus plaisir, c’est quand les gens me disent qu’ils n’arrivent pas à savoir lesquelles j’ai écrites et les­quelles Daniel à écrites.»

Malgré le succès de son projet solo, Louis-Jean se fait rassu­rant par rapport à la suite des évènements pour Karkwa. «On appréhende tous un peu notre retour. On est pas encore prêts, mais on a le désir de revenir avec une nouvelle formule.»

On a peut-être sorti le gars du band, mais on ne sortira certai­nement pas le band du gars.

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