Critique musique : Tire le coyote

Poésie de grange

Si l’album Mitan avait attiré une pléthore de comparaisons avec Neil Young, Tire le coyote s’approche davantage de Willie Lamothe et de la tradition country québécoise avec Panorama. C’est ainsi qu’on retrouve l’harmonica, la bonne vieille guitare sèche, le banjo et la voix aiguë de Benoit Pinette dans les balades à mi-chemin entre le blues et le western.

Mais au-delà des mélodies campagnardes – fort bien réussies, il faut le préciser -, ce sont les textes qui enchantent l’oreille. Sans artifices, le chant nous transporte dans un décor rural contemporain, où s’entremêlent les routes d’asphaltes et les radars, les moissonneuses-batteuses et les tuxedos.

On peut aussi affirmer sans se tromper que Panorama est un hommage vibrant au Québec, évoquant le « fleuve grandiose », faisant référence à Rouyn-Noranda comme à Grosse-Île et allant jusqu’à nommer une pièce « Ma révolution tranquille ».

Quelques fois, on a l’impression que le style se répète un peu trop, que les morceaux sont un peu trop uniformes. Pourtant, ce sont des pièces comme Ma filante, tirant de manière surprenante sur le jazz, ou À la fenêtre, purement instrumentale et brumeuse, qui rattrapent ce défaut en insérant une diversité musicale dans l’album.

On recense peu de défauts dans Panorama, si ce n’est la voix particulière du chanteur qui peut rebuter à la première écoute. Cependant, on s’y habitue vite, au point où elle finit par ajouter au charme rustique des chansons.

Les amateurs de musique du terroir, pour ne pas dire country, aimeront sans doute le plus récent effort de Tire le coyote. À bien y penser, ceux que le genre peut rebuter y trouveront aussi leur compte, ne serait-ce que pour le charme des textes. Mais on peut-tu faire un deal / Voudrais-tu revenir / Ma révolution tranquille, c’est quand même un trait de génie.

4/5

Consulter le magazine