Philippe B au Petit Champlain : Un concert nocturne fascinant

Philippe B était de retour à Québec samedi dernier en supplémentaire de sa tournée Ornithologie la nuit, au Théâtre Petit Champlain. Pendant deux heures, l’artiste de Rouyn-Noranda a mélangé rires, balades amoureuses, autodérision, nostalgie et souvenirs de jeunesse pour proposer un spectacle intimiste doucement percutant.

Sans première partie, Philippe B est monté sur scène flanqué de son band. En arrière-scène, une trompette, une clarinette et un trombone. À sa gauche, deux choristes, « ses voix de filles », et finalement, lui-même, en veston sur un tabouret, en plein centre. Tout ce monde-là changeant de place à l’envie. Les choristes prennent la basse et le tambour, un saxophone apparaît, quelqu’un saisit le piano, la guitare électrique relaie l’acoustique… Bref, facile de constater que le groupe a appris ses gammes il y a un bail !

Le spectacle s’est ouvert sur une première partie nocturne, des « tounes » de nuit, tranquilles, parfois tristes, dans un éclairage tamisé, souvent presque noir. C’est évidemment une référence à son dernier album qui se construit lui-même autour de la thématique du voyage entre la noirceur et la lumière, du scaphandrier jusqu’au soleil.

Pour autant, l’artiste ne s’est pas gêné pour aller piger dans ses anciens disques, non sans lancer avec humour : « Oui, oui, j’ai trois autres albums avant celui-là ! ». La deuxième partie, quant à elle, a commencé fort avec une interprétation « punchée » de California Girl, avant d’enchaîner plusieurs pièces du dernier opus comme Calorifère et Nous irons jusqu’au soleil. Dans la dernière demi-heure, le band a été rejoint par une choriste à la voix d’opéra pour une interprétation de Les prisonniers du lac Dufaut à donner des frissons. Insatiable et enthousiaste, le public a réclamé deux rappels au cours desquels on a pu entendre une interprétation véritablement magnifique de La chanson de Prévert de Serge Gainsbourg.

Avec tant chansons de nuit, voire vedge pour reprendre le mot de l’artiste, il ne faudrait pas en conclure à un spectacle soporifique. La petite scène du théâtre prêtant aux confidences, Philippe B n’a pas hésité à ponctuer ses transitions par une panoplie d’historiettes et de commentaires sur tout et rien avec la complicité manifeste de son groupe. On rit fort, puis on écoute, fascinés, en silence, en retenant notre souffle, ses textes travaillés et salués par la critique.

Dans cette ambiance décomplexée et intimiste, porté par la beauté des mots, la force musicale et la communion avec son public, Philippe B fait montre de tout son charisme et nous fait entrer dans son monde éclectique clair-obscur. C’est vedge, mais vedge envoûtant, vedge comme une soirée mémorable entre amis à jaser à cœur ouvert et à écouter du bon beat installé confortablement.

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