Pièce de résistance

Entrevue avec Marjolaine Guilbert

Pour reprendre les paroles du protagoniste de Dissidents : « Ne rien faire, c’est consentir. » On peut résumer ainsi l’essentiel de cette pièce que l’on pourra voir au Théâtre de Poche à compter du 5 février prochain.

C’est en voyant la pièce L’Affiche, présentée au Théâtre Périscope à l’hiver 2012, que Marjolaine Guilbert tombe sous le charme de l’écriture poétique et crue de Philippe Ducros. « Je suis tombée en amour avec sa façon d’écrire la réalité », confie celle qui assurait la mise en scène de Robin et Marion l’automne dernier, toujours avec les Treize. « C’est une écriture très proche du réel qui nous donne un portrait très palpable des réalités d’à travers le monde. » Tout comme L’Affiche, qui offre un regard humain et profondément touchant sur l’occupation de la Palestine, Dissidents aborde la politique et l’engagement social avec un brin de poésie.

Dès les premiers instants, nous sommes plongés dans cette cellule où est confiné un indigné ayant commis un acte de résistance à Montréal. Devant lui défile un lot de personnages qui cherchent à faire la lumière sur son geste. Au fil des rencontres et des confrontations, on assiste au démantèlement de sa psyché suivant la méthode KUBARK, processus de torture psychologique mis au point dans les années 1960 et utilisé dans maints centres de détention depuis. Interrogatoire agressif, bruits aléatoires, solitude, hallucinations : rien n’est mis de côté pour faire parler le détenu. Un détail cependant, à aucun moment la nature de l’acte commis n’est révélée. Pour Marjolaine Guilbert, ce flou artistique pousse le spectateur à réfléchir sur la notion de dissidence qui n’est, avant tout, qu’une question de point de vue. Ce flou, il concourt aussi à faire de Dissidents une œuvre brûlante d’actualité, universelle. En quelques mots, « c’est une pièce politique et poétique sur l’idée du progrès », nous assure celle qui en est à sa sixième collaboration avec les Treize.

La mise en scène s’annonce sobre, mais prenante. Le texte commandant un huis clos, la scène du Théâtre de Poche sera fermée par un mur de vitre. Plus qu’un quatrième mur métaphorique, la vitre servira de support où seront projetées des images, ce qui contribuera au réalisme de la torture à laquelle le public assiste autant qu’il y prend part. L’espace de deux heures, le spectateur est invité à suivre le démantèlement de la psyché du personnage principal, mais aussi à se mettre dans sa peau grâce à une mise en scène dynamique et une trame sonore immersive.

Quoi? Dissidents de Philippe Ducros
Qui? Les Treize, mise en scène de Marjolaine Guilbert
Où? Théâtre de Poche
Quand? les 5, 6 et 7 février à 20 h, le 8 février à 15 h et 20 h, et le 9 février à 15 h

Consulter le magazine