Crédits image: Mois de la poésie

Une poésie de résistance

Afin de respecter les mesures de distanciation sociale imposées par le gouvernement, le Mois de la poésie a été contraint de trouver un moyen alternatif de diffusion. Ainsi est né Hygiène, un spectacle regroupant quarante poètes dont les performances avaient dû être annulées. L’événement a eu lieu en ligne, samedi le 21 mars en direct de sa page Facebook.

Par Jessica Dufour, journaliste collaboratrice

Digne de la Nuit de la poésie, le spectacle d’une durée de trois heures n’était interrompu qu’à coups de deux ou cinq minutes pour permettre aux spectateurs de se laver les mains ou de remplir leur verre de liquide festif. Ils étaient plus de deux cents à apprécier des voix connues et à en découvrir de nouvelles, bercés par une poésie aux allures de fin du monde où régnaient côte à côte la désillusion et une envie d’extravagance. Les poètes ont su livrer un contenu de qualité malgré le défi que représentait cette adaptation de dernière minute. Tandis que la plupart des artistes se contentaient de lire devant la caméra, certains d’entre eux ont fait preuve d’imagination, faisant de leur lecture une véritable performance ou prenant le temps de faire un montage de plusieurs images, à la manière d’un vidéo-poème.

Notons, entre autres, la plume d’Alycia Dufour et la douceur profonde de sa voix. Le jeu et l’intelligence de Thomas Langlois, slameur émérite, arrivent toujours à surprendre. Valérie Forgues lisait un extrait d’Une robe pour la chasse. Le texte bénéficie d’une écriture agile et d’un propos sensible, réussissant à dépeindre la beauté et la noirceur de la nature humaine dans un langage à la fois dur et doux. Sébastien Bérubé a, quant à lui, choisi de « revendiquer les excès » en énumérant d’une écriture fougueuse, les choses qu’il voudrait se permettre de faire. Natalie Fontalvo et Aurélien Dony, qui sortaient de la résidence Québec-Namur, ont émerveillé par leur maîtrise de la langue et la qualité de leur lecture. À travers l’écran, ils arrivaient à établir un contact avec le spectateur.

Afin de clore l’événement en beauté, Vanessa Bell a procédé à la lecture de Nous sommes beaucoup qui avons peur, une suite poétique bouleversante écrite il y a plusieurs années par Geneviève Amyot et dont le propos était tout à fait cohérent avec la situation que nous vivons. Ce texte résonne encore aujourd’hui et avec une force renouvelée. La lecture qu’en proposait Vanessa Bell était juste et sentie.

L’animation s’est poursuivie toute la soirée sur le chat pour inciter les convives à échanger, à s’exprimer sur ce qu’elles étaient en train de voir. Il était donc possible pour les spectateurs d’interagir grâce au clavardage et aux émoticônes. En ces temps de perturbation, les élans de solidarité et d’amour paraissent plus que nécessaires et Hygiène répondait à ce besoin en offrant un espace communautaire.

Les initiatives virtuelles comme celle-ci ne cessent de voir le jour. Surveillez vos réseaux sociaux : les soirées de slam et les micro ouverts s’élargissent non seulement à toute la province, mais bien au-delà, grâce aux avantages du web.

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