Photo : Henri Ouellette-Vézina

Héra Ménard : première sortie dans les grands espaces

Fruit de plusieurs années d’écriture et de composition, suivies par un an et demi de travail en studio, le premier album éponyme d’Héra Ménard a enfin été présenté au public vendredi dernier dans les locaux où il a été enregistré. Afin de concrétiser ce projet, l’artiste a pu compter sur l’appui et l’expertise des Productions LARC, qui vivent également un baptême avec cette première parution. 

Réalisé par le professeur Serge Lacasse et lancé en collaboration avec les Disques Passeport, Héra Ménard contient 12 pièces originales et une relecture du classique de l’Américain Bob Dylan, Knockin‘ On Heaven’s Door.

Offrant un son résolument country et servi par un mixage qui met de l’avant les guitares de la chanteuse et de son acolyte Alexandre Pomerleau, l’album aurait bien pu s’élaborer dans un style complètement différent. Celle qui cite comme influences Ray LaMontagne et First Aid Kit, autant que Sheryl Crow et Shania Twain, confie tout de même ne pas écouter beaucoup de country.  

Ce sont les thèmes récurrents dans les chansons d’Héra Ménard, comme l’amour, les relations interpersonnelles, l’impression d’être emprisonnée dans la ville et le besoin de grands espaces, qui ont fait en sorte qu’elles se prêtent naturellement au style.

Originaire de Saint-Lambert-de-Lauzon, elle évoque aussi la relation avec la terre et avec les racines familiales comme inspiration majeure. Même si l’identité musicale de l’album était décidée en entrant en studio, l’artiste signale que c’est plutôt le country qui l’a choisie et non le contraire.

« On y va à fond, s’est-elle alors dit. C’est ce que ça prenait aux chansons, puisque là, elles vivent vraiment et ça leur va très bien. »  

Mario Lafrance à la guitare lap-steel, Marc-Antoine Genest Petitclerc à la basse et Maxime Blanchard à la batterie complètent l’équipe s’étant attelé à la tâche de mettre en musique les images nées de l’imaginaire de Ménard.

 Un projet professionnel 

La finissante à la maîtrise en interprétation de la Faculté de musique de l’Université Laval, qui revenait au studio d’enregistrement du pavillon Louis-Jacques-Casault pour la première fois depuis la fin du mixage de l’album, n’a que de bons mots pour le LARC (Laboratoire audionumérique de recherche et de création).

« Ce sont vraiment des installations extraordinaires. C’est un des meilleurs studios au Québec maintenant », avance la musicienne sur ce qui a fait office de deuxième maison pour elle pendant plusieurs mois.  

Cette première sortie pour l’auteur-compositrice-interprète regroupe au même endroit du matériel provenant de plusieurs étapes de sa vie, mais aussi des chansons trouvant leurs origines dans son parcours académique.

Elle soutient malgré tout rapidement qu’elle est « partagée » sur le lien étroit que certains pourraient voir entre ses études et l’album. L’Université lui a permis de rencontrer des gens avec qui elle aime travailler et lui a offert un moyen d’enregistrer ses compositions, mais le résultat n’est pas un exercice scolaire.

« Je suis contente si je peux faire rayonner l’Université, mais j’espère que les gens verront la distinction, affirme-t-elle. Le LARC est un studio professionnel et cet album est un projet professionnel qui n’est plus en lien avec mes études à moi. » 

Néanmoins, en regard du travail accompli avec les Productions LARC, elle se dit émue de voir qu’ils sont en train de construire quelque chose, de franchir des barrières, en direction d’un projet audionumérique exclusif dans la province, voire même au Canada. 

 Lié à la formation des étudiants 

Serge Lacasse, homme aux multiples chapeaux qui est également le directeur des Productions LARC, a expliqué avant la courte prestation d’Héra Ménard que dès l’inauguration du studio en février 2014, le comité organisateur, dont faisait partie le légendaire producteur André Perry, s’est fixé quatre objectifs.

Tout d’abord, d’encourager la relève étudiante en lui servant de tremplin pour accéder au monde de l’industrie du disque et d’en comprendre les standards. Il désirait ensuite servir de lien avec ce milieu, en travaillant en collaboration avec d’autres maisons de disques, par exemple.  

Autre point cardinal guidant leurs opérations : la liberté dans la création. L’utilisation d’un studio d’enregistrement est habituellement dispendieuse, alors qu’en ayant accès à tout cet équipement à la fine pointe de la technologie au sein même de l’Université, les créateurs peuvent prendre leur temps, explorer divers styles musicaux. Comme ce fût le cas pour l’enregistrement de l’album d’Héra Ménard.

« Il y a une richesse dans la musique country qui n’est pas liée à la complexité musicale, lance-t-il. Il y a une richesse dans tous les styles et on va aller l’exploiter et la travailler. » 

Le projet LARC et son étiquette visent finalement un rayonnement maximal pour l’Université Laval, la Faculté de musique et ses différents programmes, et ainsi donc, sur leur futur recrutement. M. Lacasse indique que les profits qu’ils feront potentiellement seront utilisés pour financer leurs activités ultérieures.  

L’autogestion chez les artistes émergents

Questionnée sur ce qui s’en vient pour elle en terme de spectacles, de promotion, Héra Ménard répond avec prudence. « Je ne peux même pas te le dire, parce que je ne le sais pas, argue-t-elle. L’album sort, c’est excitant, mais je n’ai quand même pas d’agence de booking encore. » Elle se gère seule et « apprend sur le tas » au fil des années. « C’est bien beau étudier en musique, mais ça ne t’apprend pas l’industrie, ça ne t’apprend pas le terrain non plus », ajoute l’artiste, tout en indiquant qu’il est maintenant normal pour les jeunes créateurs de faire cette part du travail aux-mêmes.

Un spectacle officiel de lancement pour Héra Ménard est en préparation pour novembre ou décembre, alors que le circuit des festivals, principalement en région, demeure une possibilité pour l’année 2018.

 

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