Photo : Vanessa Bouger

Révélations sur la fusion de l’homme et de l’objet

Le 16 novembre dernier avait lieu le vernissage de l’exposition Révélations de l’artiste Jean-Marc Ouattara qui présente des œuvres réalisées entre 2016 et 2017. L’exposition se tient à la Salle d’exposition du pavillon Alphonse-Desjardins de l’Université Laval jusqu’au 2 décembre. 

Finissant au baccalauréat en arts visuels et médiatiques, Ouattara bâtit entièrement ses œuvres sur le thème du masque sacré africain. Sa fascination pour cet objet lui est venue alors qu’il fréquentait les Beaux-Arts de la Côte d’Ivoire. Ayant étudié l’histoire de l’art africain, il souhaite communiquer ses connaissances du masque à travers ses tableaux. 

Le masque est l’intermédiaire entre Dieu et les vivants. Pour Ouattara, il est institué dans la société pour faire respecter l’ordre public et faciliter le vivre-ensemble. Il est le juge : il bénit, protège et règle les litiges. Les hommes l’utilisent pour les rituels funéraires et les cérémonies joyeuses. 

Il existe plusieurs masques dans la culture africaine. Originaire de la Côte d’Ivoire, Ouattara travaille seulement avec ceux de son pays. Chaque masque remplit une fonction différente et l’artiste en a illustré certains. Le masque des clairvoyants, dont le rôle est de diriger et d’organiser la lutte contre les sorciers, est le thème de la toile Koma. 

L’œil du bobo sima est basé sur le masque des ressources qui a pour fonction d’assurer leur propreté. Dans la culture ivoirienne, c’est à la femme que le masque demande de nettoyer l’eau, entre autres. Ouattara a alors représenté un visage féminin fusionné à l’œil du bobo sima afin d’exprimer le rôle du masque. 

Sa démarche est ainsi de figurer l’union de l’homme et du masque selon sa fonction et les sentiments qui en émanent. La suite que l’artiste présente dans ses dessins montre bien le fusionnement. En premier lieu, il s’agit du masque lui-même, ensuite, il est dans la main de l’homme, puis, il est rallié au visage de ce dernier. 

Une nouvelle vision 

Avant, selon Ouattara, ses peintures étaient «trop calculées et précises» dû aux règles académiques des Beaux-Arts. En venant au Québec, sa perception a changé. Dans ses œuvres sur le masque, il se sent lui-même et arrive à se laisser aller sans la pression académique que pouvait exercer son ancienne école. 

Son travail s’est également orienté vers l’art brut pour forger sa propre identité. La compétition étant vive, Ouattara trouve important de se différencier en tant qu’artiste malgré que cela soit difficile. Aux Beaux-Arts, la tâche s’avérait encore moins facile entre l’encadrement imposé et le besoin d’évasion. Désormais, il se développe autour d’une technique qui le rend à l’aise et qui contribue à son unicité. 

L’art brut représente à tous les égards l’art africain, surtout le thème du masque. Celui-ci est traditionnel, donc trop de précision et de finesse ramène au modernisme, ce qui est à côté de la démarche de l’artiste. C’est pourquoi, dans ses tableaux, il emploie différents matériaux dans le but de bien rendre ce caractère traditionnel. 

Pour créer l’aspect réaliste du masque, Ouattara utilise un mélange de papier mâché et de colle blanche qu’il laisse sécher environ deux jours. Également dans une visée d’obtenir du volume et du relief, il ajoute des tissus normaux et africains à certaines de ses toiles. De même qu’il utilise parfois de l’écorce d’arbre tel qu’il l’a exploité dans sa peinture Masque inventé zoomorphe. 

L’artiste réalise ses dessins au pastel sec et à la pierre noire. Il créé les fonds de couleurs à l’aide de la technique du chemin d’eau d’aquarelle, la même exécutée dans ses tableaux. De plus, il se sert de la sépia et la sanguine; l’une pour noircir ses portraits, l’autre pour délimiter les contours et noter les volumes et les ombres. 

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