Safia Nolin au Cercle : habiter son chagrin

Après les rocambolesques évènements de la semaine dernière, la population de Québec a eu la chance de voir la récipiendaire du Félix Révélation de l’année 2016, Safia Nolin, se produire sur scène. Heureusement, les fans étaient au rendez-vous jeudi dernier, prouvant qu’on n’avait pas oublié l’essentiel dans toute cette histoire : la musique.

Le 3 novembre dernier, une énorme bouffée d’amour semblait danser au-dessus du public composé d’admirateurs, mais également de curieux. Ces derniers ont bien été servis. Safia Nolin et Joseph Marchand, artistes de la relève, ont réussi haut la main à enivrer le public. Plusieurs ont même dû rebrousser chemin puisqu’à 21 h 30 le spectacle affichait complet.

Sur scène, Safia Nolin traduisait une certaine fébrilité tout en semblant si calme. Après ces derniers jours houleux, l’artiste brillait de confiance sous les projecteurs. Tout de suite, elle a fait taire les applaudissements avec la douceur des premières notes de La laideur. L’artiste chantait et jouait avec une assurance réconfortante mais, lorsqu’elle parlait à son public, elle apparaissait drôlement frivole.

Premier retour à Québec depuis le Festival d’Été de Québec, Safia était là pour chanter son album Limoilou. Le timbre de sa voix avait l’effet de cette main rassurante qui glisse dans la nôtre quand rien ne va plus. Doux baume sur la noirceur de novembre.

Gerry, Céline & l’ADISQ

Contrairement à son dernier passage au Cercle où elle avait fait une reprise de La Chicane, cette fois-ci, elle a plutôt choisi Ayoye d’Offenbach et D’amour ou d’amitié de Céline Dion. De fils en aiguille, Safia a raconté le moment qu’elle a partagé avec Céline Dion au Gala de l’ADISQ. Ce fameux évènement qui lui a permis non seulement de rencontrer son idole, mais également de remporter deux prix. Effectivement, l’artiste s’est vue décerner, en plus du Félix Révélation de l’année 2016, celui du Meilleur vidéoclip de l’année pour la chanson Noël partout. 

Ce n’est pas pour rien que la file pour entrer au Cercle se rendait jusqu’au coin des rues Caron et Saint-Joseph.

La poésie des maux

L’énergie qui se dégage de sa personnalité ne concorde pas exactement avec la poésie de ses textes. À la sortie de l’album en septembre 2015, tous s’entendaient pour dire qu’il s’agissait d’une œuvre éperdument mélancolique. Effectivement, Safia chante la mort, le chagrin, le deuil et la douleur, faisant valser son auditoire dans une tourmente qui poigne à la gorge. C’est Freud qui disait que la mélancolie est en fait cette vérité qui nous frappe lorsqu’on constate que la mort est réellement présente alors qu’on aurait préféré la nier. Étonnamment, malgré tout ce mal de vivre, jeudi soir, la scène a présenté, comme une évidence, une jeune femme qui profite pleinement de la vie.

Une première partie agencée

Safia était accompagnée de son fidèle complice: le guitariste Joseph Marchand, mais également par Beyries, qui assurait la première partie. Cette dernière est une auteure-compositrice-interprète qui produit un son indie folk. Puisqu’il n’y a pas de hasard, son travail réconfortant et rempli d’espoir se mariait parfaitement à celui de Safia Nolin.

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