Santa Teresa : une fin de semaine dingue, dingue, dingue

 De retour après deux éditions annulées à cause de la Variole du singe, l’assez jeune festival Santa Teresa n’a définitivement rien à envier aux festivals des alentours de Montréal.

Par Emmy Lapointe, rédactrice en chef

Une programmation, dix festivals
On va se le dire, Noce de cire, Festif, Tadoussac, le FEQ, Santa Teresa ont des programmations assez semblables, genre Valence, tu peux le voir où tu veux cet été. Sauf que Santa Teresa semble plus original, parce qu’il est le premier. Et même s’il y a eu quelques festivals l’an dernier, on ne pouvait pas prendre pour acquis qu’il y en aurait cette année, encore moins sans vraiment de mesures sanitaires. Cette certitude d’aucune certitude (vous m’excuserez, je récupère encore de la fin de semaine) insuffle à Santa Teresa et aux festivals qui suivront un caractère précieux. Johnny Halliday l’a dit après tout, qu’on me donne l’envie, l’envie d’avoir envie, et qu’on rallume ma vie.

Des ingénieur.e.s festif.ve.s
600 mètres de la rue Blainville sont fermés pendant le festival, et c’est tout. Une navette de la station Montmorency au site, et voilà, les voitures sont vraiment facultatives. En fait, il n’y a tellement personne qui vient en voiture, qu’il y a des places de stationnement à moins de 75 minutes à pied du site, quand même fun pour celleux qui ont les moyens de payer du gaz 6,50 le litre.

Le site en forme d’espèce d’œuf miroir (désolée, je suis allée au Kalimera ce matin) est ingénieusement pensé. Tout est tout le temps proche, mais personne ne se marche sur les pieds. De l’ombre, des toilettes pas dégueulasses même après le spectacle d’Hubert Lenoir, des food trucks, des points d’eau, des gens qui circulent pour te donner des Guru oranges, des petits stands pour qu’on te donne du naloxone ou une chaise roulante, des jeux et des chaises longues : tout est pensé pour les plus dingues et les moins dingues d’entre-nous. Puis malgré un petit site, Santa Teresa dispose quand même de huit scènes intérieures et extérieures.

Des shows en vrac

Lydia Képinski | Loto-Québec
Sans doute le meilleur son de tous les shows extérieurs, en fait, peut-être le meilleur show extérieur tout court. Si son dernier album n’avait pas particulièrement retenu mon attention (il faut dire qu’il est sorti en plein milieu de ma fin de session au moment où j’avais besoin de pianoinstrumentalbinauralasmrbrainfood musique), son concert de vendredi soir sur la scène Loto-Québec m’a fait rajouter Depuis dans beaucoup de mes playlists. Sa voix toujours excessivement solide, une articulation digne de Jeanne Moreau, une présence scénique parfaitement dosée entre ses musicien.ne.s et le public, les jeux de lumière fiévreux : le spectacle de Lydia Képinski a mis la barre haute pour le reste des spectacles extérieurs.

Choses sauvages | Loto-Québec
Je ne sais pas si c’est parce que j’avais des attentes pour ce show-là ou parce qu’il était juste après celui de Lydia Képinski qui lui a dépassé mes attentes, mais je pense que c’est le concert qui m’a le plus déçue. En même temps, maintenir l’énergie de l’effervescence des débuts de soirée jusqu’au troisième show qui est, disons-le, le plus attendu; faire le concert du milieu, c’est parfois ingrat.

Je pense que je suis trop réactionnaire, mais l’énergie de Choses sauvages s’est mal balancée et son corps n’a pas semblé pouvoir suivre. Impression d’écouter une chanson d’une heure où les paroles sont, le plus souvent, incompréhensibles.

Martha Wainwright | Sacré show
L’église de Sainte-Thérèse est visiblement mieux entretenue que la plupart de celles de la Capitale-Nationale (peut-être parce qu’on y tient des événements pour revaloriser le patrimoine plutôt que de le laisser tomber en ruine). J’ai connu Martha Wainwright par des covers surtout, puis ses premiers albums quand j’étudiais à Rimouski, parce qu’il me fallait trouver une voix aussi brisée que la mer sur les bords de la 132. C’est une artiste qui m’émeut souvent, une interprète hors-pair. Toutefois, c’est tombé que les chansons qu’elle a faites, je ne les connaissais pas vraiment. Alors ça mélangé au fait que c’était le troisième concert de file, qu’on avait fait 3 heures de char, que j’étais levée depuis 18 heures et que ni les gin tonic ni les Guru ne faisaient effet, ça a fait que le concert ne m’a pas autant hit que je l’aurais voulu.

Néanmoins, l’acoustique de l’église, les récits de Martha et son interprétation de Dis quand renviendras-tu étaient worth it.

Weather Station | Sacré show (première partie)
Weather Sation, c’est un band leadé par Tamara Lindenman (qui possède visiblement la pierre philosophale ou qui a fait un bouillon dans la fontaine de Jouvence) qui s’écoute si bien en pleurant dans un lit, mais en faire l’expérience en vrai n’apporte rien d’autre si ce n’est qu’un mal de dos à cause des bancs d’église. Je pense qu’on aurait pu toustes se lever et quitter, qu’aucun membre du groupe n’aurait remarqué notre absence. Après ça, j’imagine qu’on peut y trouver un certain plaisir scopophile : voir sans être vu.e.

Safia Nolin et invité.e.s
Concert un peu décousu certes, mais les petits trous ici et là n’ont pas nui outre mesure à l’expérience. Je ne dirai pas que Safia est attachante, parce que je ne suis pas une X, mais je n’en pense pas moins. Il y a des gens aimables et il y a Doug Ford, Safia fait évidemment partie des premiers. Et outre sa sociabilité, il y a une voix excessivement bien maîtrisée et qui peut encore plus que ce que le laissent pressentir ses détracteur.rice.s.

Et même si la présence d’invité.e.s et l’humilité de Safia étaient agréables, égoïstement, j’aurais voulu avoir juste Safia (et Pizza-Ghetti).

Maintenant, vous m’excuserez, je vais aller me coucher avec des advils; l’heure des gémeaux a hurlé (à l’aide de tornades d’ailleurs), mes 25 ans arrivent à grands pas.

Crédits photo :  Content Content / Santa Teresa

 

 

 

 

Consulter le magazine