Crédit photo : Simon Dufresne

Hockey et natation: deux sports, deux réalités

Les parents des jeunes athlètes jouent un rôle crucial dans le développement de leur enfant et leur support est primordial. Toutefois, il n’est pas rare d’entendre des histoires d’horreur de parents qui ont dépassé les bornes, incitant un jeune à aban- donner le sport. Impact Campus s’est entretenu avec la Fédération de natation du Québec (FNQ) et avec Hockey Québec à ce sujet. Voici le portrait de deux sports dont la structure et les mentalités sont fort différentes.

Le directeur technique de la Fédération de natation du Québec, Nicolas Zazzeri, souligne l’une des différences entre la natation et le hockey : «au hockey, chaque spectateur est un entraineur qui s’ignore». Dans la phase de développement des jeunes, soit entre 12 et 17 ans, il y a une différence majeure entre les deux sports. Au hockey, la majorité des entraineurs sont bénévoles, alors qu’en natation, les entraineurs sont rémunérés afin d’encadrer et de développer les jeunes.

«Nous sommes un des rares sports où les coachs peuvent vivre de leur métier. Il y a beaucoup de nageurs dans les clubs avec des revenus assez élevés pour se payer des coachs», analyse M. Zazzeri. Du côté de Hockey Québec, c’est tout le contraire. «C’est carrément nos bénévoles qui tiennent le fort. Sans bénévoles, il n’y a pas de hockey mineur», affirme le directeur général, Paul Ménard.

Les parents en situation compétitive

Le déroulement d’un match de hockey et d’une compétition de natation est aussi très différent, ce qui a une influence sur le niveau d’engagement d’un parent. Alors qu’un hockeyeur va jouer plusieurs fois dans un match, un nageur va compléter seulement deux ou trois épreuves durant la matinée de compétition. «Il y a une centaine de courses et le parent vient voir une, deux ou trois épreuves. Pour le reste, le parent est passif. Alors que dans le sport d’équipe, le parent peut être impliqué pendant plus longtemps», décrit le directeur technique de la FNQ.

Il y a tout de même un aspect commun aux deux sports : le résultat est décidé par les chiffres. Au hockey, le pointage détermine le gagnant et le perdant. À la natation, c’est le chronomètre qui détermine la position au classement. Selon les deux intervenants, les parents doivent s’en tenir au résultat et apprécier le spectacle. «Certains ont tendance à oublier que ce sont des jeunes. Un parent ou un groupe qui passe des commentaires sur la performance d’un autre joueur, c’est inacceptable. Dans notre plan stratégique, on veut ramener le plaisir. Les jeunes doivent être dans un environnement plaisant», exprime Paul Ménard, directeur général d’Hockey Québec.

Nicolas Zazzeri, de la Fédération de natation du Québec, pense que l’apprentissage des parents se fait assez rapidement à la natation. «Dans les compétitions, c’est un public zen, calme dans les gradins. Même si un parent a tendance à s’énerver, il va finir par se mettre au diapason en raison du public. Ça arrive plus souvent dans les petites compétitions, où les parents sont frais dans le milieu. Avec l’expérience, les parents se calment», ajoute-t-il.

Gestion de problèmes

Pour s’assurer que la saison de hockey des jeunes se déroule bien, le site web d’Hockey Québec présente un code d’éthique pour les parents et propose la formation Respect et sport, moyennant un certain montant. Le directeur général, Paul Ménard, recommande aux parents de suivre la formation en ligne, car cela touche le rôle du parent pour guider, mais surtout pour encourager leur enfant. Malgré cela, certaines histoires de parents ayant eu un comportement inadéquat à l’aréna ont fait les manchettes dans les dernières années.

Dernièrement, il y a eu le cas de la gardienne de but au hockey de niveau Atome C, la catégorie récréative du niveau atome. Elle a quitté son équipe en raison de l’accumulation de commentaires négatifs de la part de parents sur ses performances. Pour éviter qu’une situation de la sorte se reproduise, Hockey Québec travaille sur un guide de gestion de cas qui sera publié au courant de l’hiver. Le guide fera la nomenclature des comportements inacceptables et, incidemment, des points-clés pour qu’une équipe connaisse du succès.

À la natation, les plaintes de parents sont plutôt rares. M. Zazzeri explique qu’en cas de problème, l’entraineur-chef prend le leadership pour régler la situation. «Ça arrive très rarement, car les parents sont moins intenses. On gère ces cas à problèmes en club, en famille et en général, ça finit bien», commente-t-il.

Le directeur technique de la FNQ ajoute que les situations problématiques débutent souvent par une remise en question des compétences de l’entraineur. Selon lui, ce type de plainte se règle facilement. «On ne s’improvise pas entraineur, donc, comme c’est un sport technique, on demande aux parents de faire confiance à l’entraineur», illustre Nicolas Zazzeri.

Formations

Les connaissances d’un entraineur de natation ou de hockey sont passablement différentes. Alors que la majorité des Québécois regardent des matchs de la Ligue nationale de hockey à la télévision, rares sont les personnes qui vont observer une compétition de natation. En écoutant le hockey, il est possible d’acquérir une base pour entrainer les jeunes. En contrepartie, comme les parents écoutent le hockey, certains ont tendance à s’improviser experts en la matière. Même si les entraineurs sont bénévoles, chacun doit tout de même suivre une formation de base. Les entraineurs de formation sont concentrés dans les structures élite et AAA, du niveau pee-wee à midget. «On recommande de faire une équipe d’entraineurs, car il est possible que l’enfant d’un coach soit dans l’équipe. On veut une équipe d’entraineurs et non pas une seule personne qui dirige tout», déclare le directeur général d’Hockey Québec.

La natation se distingue par le fait que tous les entraineurs doivent suivre au minimum une formation donnée par la Fédération de natation du Québec et doivent avoir complété leur formation de sauveteur national. Ce sport est technique et pour développer adéquatement un nageur, les parents ne peuvent pas s’improviser entraineurs. «Ça prend de bonnes connaissances et ce n’est pas en ouvrant la télé qu’on va les obtenir. Les parents ne remettent donc pas en question les compétences de l’entraineur», illustre Nicolas Zazzeri. De plus, les entraineurs qui désirent progresser doivent suivre des formations supplémentaires. Ceux-ci peuvent également obtenir une bourse pour faire un stage avec les meilleurs groupes d’entrainement au Canada ou encore aux États-Unis.

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