Assis en écoutant de la bonne vieille musique du diable enregistrée à l’envers et pleine de messages subliminaux, je regardais les canons à neige du mont Sainte-Anne crache

Trop c’est trop.

Assis en écoutant de la bonne vieille musique du diable enregistrée à l’envers et pleine de messages subliminaux, je regardais les canons à neige du mont Sainte-Anne cracher leur flot infini de poussière de fausse neige sur les dunes blanches de texture guimauve de la piste sous le remonte-pente. C’est une longue remontée en chaise et parfois on passe au-dessus de la piste fréquentée par les skieurs débutants. Loin de moi l’idée de cracher sur ceux qui tentent d’apprendre ce fabuleux sport de glisse qu’est la descente soit en ski ou en planche.

Non, telle n’est pas mon intention dans ce court carré de texte. Je désire par contre fustiger tous les parents qui mettent leur enfant en laisse. J’ai failli sauter en bas de ma chaise pour aller couper le lien qui attachait l’enfant à sa maman. Non, pas attachait. Emprisonnait. Les parents d’aujourd’hui ne sont pas capables de laisser leur enfant se faire mal.

Pour apprendre, un enfant DOIT se faire mal. Aussi triste et fou que cela puisse paraître, un enfant ne sera jamais capable de grandir normalement s’il n’atteint pas ses limites. Et plus tôt sera le mieux. Les parents d’aujourd’hui sont tellement sur-sur-surprotecteurs que les enfants, les plus jeunes plus particulièrement, sont incapables de quoi que ce soit par eux-mêmes.
Si un enfant n’apprend pas dès l’enfance que le rond de poêle est chaud, il vivra dans la peur de se brûler toute sa vie. Si un enfant n’apprend pas dès qu’il est tout jeune comment on se sent après une chute en vélo, il sera toujours dans la peur de s’écorcher un genou. Dans un futur plus ou moins rapproché, les gens vont être tellement faibles et maladroits que ce n’est pas le climat ou la température qui feront éteindre l’humanité, non! Ce sera simplement la faiblesse des humains qui n’ont jamais appris à se faire mal.

Ce n’est peut-être pas seulement la faiblesse qui nous exterminera, mais bien la peur. Peur de ci. Peur de ça. Les mères et les pères poules de ce monde nous font vivre dans la peur. Et pire que la peur : la peur de la peur.

C’est pour ça que j’ai failli sauter en bas de mon remonte-pente pour aller engueuler la maman du mignon petit habit de neige rouge avec un casque de Dora l’exploratrice. Parents de ce monde qui tiennent leurs enfants en laisse comme des animaux : laissez vos enfants dépasser leurs limites, que ce soit en ski ou en bicycle. Laissez-les sillonner les pistes pour voir enfin la flamme de l’adrénaline dans leurs yeux. Si les parents ont trop peur pour laisser leur enfant faire du ski, alors, qu’ils n’en fassent pas!
Les enfants qui sont dans les jambes sur les pistes feront, peut-être, objet d’un autre coup de gueule dans le futur. En attendant, cessons de prendre les enfants pour des chiens et coupons les laisses!

Consulter le magazine