Photo : Elia Barbotin

Deux camps, deux campagnes : réponses aux allégations du OUI

Dans le cadre du présent référendum d’affiliation de la CADEUL à l’Union étudiante du Québec (UEQ), Impact Campus laisse la parole à cinq membres du comité du NON ayant souhaité s’exprimer en réponse à la lettre Deux camps, deux campagnes, publiée le 24 novembre dernier.

La panique semble s’emparer du comité du OUI. Une lettre ouverte signée de sa main le 24 novembre porte de nombreuses allégations erronées. Par la présente, nous voulons rectifier les faits. Si dans les lignes suivantes nous nous montrons critiques envers le comité du OUI et soulignons certaines irrégularités dans le déroulement de leur campagne, nous souhaitons néanmoins reconnaître que plusieurs de ses membres individuels n’ont pas agi avec la même véhémence.

D’entrée de jeu, nous sommes surpris du seuil de fatigue extrême dont semblent être accablé.es les signataires de la lettre. Les règlements référendaires liés au financement des comités visent une équité, 4000 $ pour chaque camp. Cependant, une clause permettant la présence d’étudiant.es de partout au Québec et l’implication du comité exécutif de la CADEUL déséquilibre considérablement les moyens de chaque camp. L’exécutif de l’UEQ compte actuellement 6 membres (sur un total de 10 postes disponibles) et celui de la CADEUL, 7, tous et toutes en faveur de l’UEQ.

Ces personnes sont payées autour de 20 000$ par année pour ne suivre qu’un cours universitaire. Cela représente un avantage de taille dans la campagne. En effet, leur subsistance assurée et n’ayant que peu d’études, ces exécutant.es peuvent utiliser une grande partie de leur temps excédentaire pour faire valoir leur option. Avec d’aussi généreuses situations, nous somme désolé.es d’apprendre l’épuisement qui les affligent. Imaginez les membres du comité du NON qui jonglent avec plusieurs cours, leurs emplois étudiants et une implication partisane, le tout sans rechigner. Enfin, passons et concentrons-nous sur le propos de la lettre du OUI.

D’abord, on nous reproche de ne pas prendre pas au sérieux la gravité de nos infractions. Toute personne ayant lu le message d’excuse verra qu’il enjoint à une campagne honnête et juste. Le fait de reconnaître les manquements d’un.e membre est effectivement une formalité. Ne pas agir de la sorte aurait des conséquences plus sérieuses pour le comité concerné.

Le caractère formel de l’obligation de reconnaître une erreur n’enlève rien à la sincérité du message. Il n’implique aucunement, contrairement à ce qu’en dit le camp du OUI, que les lettres d’excuses officielles publiées à la fois par le comité du Non et par l’individu ayant enfreint les règles référendaires, seraient hypocrites et non sincères. Cette grave accusation relève ni plus ni moins d’une tentative de salissage et d’un désir de s’accaparer le monopole de la moralité.

Rappelons à ce sujet que le membre fautif du comité du Non a rapidement reconnu ses torts dès qu’il a été mis au fait de ses actes et s’est immédiatement retiré de la campagne référendaire dans l’optique de passer l’éponge sur cet épisode malheureux. D’ailleurs, pour appuyer son accusation, le comité du OUI revient sur des événements survenus il y a plus de deux semaines. Devant la bonne foi de notre comité et une absence de méfaits subséquents, comment ne pas voir dans cette critique un acharnement du comité du OUI sur le NON dans une campagne qui s’est, somme toute, bien passée malgré les déséquilibres déjà mentionnés.

Cependant, nous trouvons curieux qu’à la suite de nombreuses présences de tractage et de publicité supportant le OUI à la vue de bureau de scrutin – ce qui constitue une violation directe de l’article 57 de la politique référendaire de la CADEUL – le comité du OUI ne se soit toujours pas excusé publiquement alors qu’il est tenu de le faire. Peut-être rancunier, il apparaît surtout partial dans sa distribution des torts! Peut-on craindre que dans le futur, l’exécutif de l’UEQ se montre tout aussi rétif à accepter le blâme de ses membres si elle s’égare? Rien ne nous semble plus probable!

Photo tirée de Facebook

On nous reproche également d’être de mauvaise foi quant à nos inquiétudes à propos de l’opportunisme des membres des exécutifs d’associations étudiantes nationales. Cela dit, le passé semble nous donner raison. Léo Bureau-Blouin, Martine Desjardins, François Rebello et un nombre incroyable d’ancien.nes exécutant.es d’associations étudiantes nationales se sont servi de leur passage payé au sein de l’organisation pour se préparer une carrière politique.

En termes de conflit d’intérêts flagrant, il suffit de regarder Guy-Aume Descôteaux qui, sans être historien, mais bien ancien exécutant de la CADEUL et ami avec l’exécutif lui succédant, s’est fait octroyer de gré à gré le généreux contrat de l’histoire de la CADEUL toujours attendu depuis plus de 3 ans.

Un passage rémunéré par les exécutifs de l’UEQ ou de la CADEUL dépasse largement les contributions maximales de l’aide financière aux études et permet de confortablement préparer son avenir. Pendant ce temps, est passée sous silence l’implication réelle, assidue et invisible de tous ces militant.es étudiant.es de la base qui se dévouent chaque jour à mobiliser et organiser sur les campus les luttes contre la culture du viol, le racisme, la non-rémunération des stages, etc., le tout sans êtres payé.es, sans obtenir l’attention médiatique et sans garnir leurs CV.

Cette attitude de concertation peut tendre l’exécutif de modérer son propos pour ne pas nuire à son avenir, au dépend des gens qui mènent campagne. À ce titre, Léo Bureau-Blouin fut exemplaire en recommandant aux étudiant.es, au coeur de la grève de 2012, d’appuyer une hausse de 1778 $ sur sept ans puisque moins abrupte que celle de 1625 $ sur 5 ans. Voilà un bel exemple de préparation d’une carrière politique au dépend d’un mouvement en cours.

En outre, le comité du OUI nous a accusé tout au long de la campagne de ne pas apporter de véritables arguments opposés à l’affiliation à l’UEQ, en nous accusant plutôt de ne nous contenter que d’attaques déloyales et d’arguments mensongers. Ceci est non seulement méprisant pour tous ceux et celles d’entre nous qui se sont impliqué.es dans la campagne du NON et dans la rédaction d’un argumentaire détaillé, mais cela constitue également une insulte pour toutes les personnes qui ont voté NON au référendum, sous-entendant que ces nombreuses personnes seraient incapables de prendre une décision rationnelle et que l’option du OUI constituerait la seule option rationnellement valable.

Comble du ridicule : l’accusation de véhiculer des argumentaires mensongers a même fait l’objet d’une plainte officielle du OUI auprès de la direction du référendum, qui a d’ailleurs rejeté en quasi-totalité cette plainte et s’est limitée à nous enjoindre de publier une rectification quant à une information incomplète qui se retrouvait dans notre argumentaire, chose qui a été faite dès le lendemain sur notre page Facebook :

« Nous avons soutenu que la cotisation exigée par l’UEQ (4,56 $/membre par session) est la cotisation la plus élevée demandée par une association nationale. Or, la FECQ (Fédération étudiante collégiale du Québec) demande une cotisation plus élevée que l’UEQ (5,00 $/membre par session). Reste que la FECQ ne regroupe, logiquement, que des associations étudiantes COLLÉGIALES (la CADEUL ne peut donc pas s’y affilier)… et il demeure que l’UEQ demeure l’association étudiante nationale universitaire qui exige la plus haute cotisation. »

Nous souhaitons conclure rapidement cette lettre ouverte par un petit clin d’oeil aux membres du OUI signataire de la lettre précédente. La vilipende du OUI finit ainsi : « En conclusion, il nous apparaît que le point fort de la campagne du OUI aura été de prioriser l’argumentation saine autour de l’affiliation à l’UEQ, plutôt que de pimenter notre argumentaire avec des techniques déloyales et empreintes de mauvaise foi comme l’a fait le camp du NON. […] Nous vous invitons donc à adhérer à ce beau projet national, qui rassemble déjà des étudiants et des étudiantes de partout au Québec. »

Ce petit message d’auto-congratulation du comité du OUI est intéressant, dans la mesure où il prétend que l’UEQ serait véritablement rassembleuse. N’oublions pas que 4 associations étudiantes, dont trois d’universités régionales, se sont retirées du processus de création de l’UEQ avant sa fondation officielle, mécontentes de l’autoritarisme et de l’absence d’écoute de leurs préoccupations concrètes par la FAÉCUM (l’association étudiante du campus de l’Université de Montréal) et la CADEUL qui participaient au processus de création.

N’oublions pas non plus que la FAÉCUM, qui représente à elle seule 40 000 des 77 000 membres revendiqué.es par l’UEQ, s’y est affiliée sans tenir de référendum, donc sans consultation réelle de ses membres, ce qui représente un mépris flagrant de démocratie pour une association qui se dit représentative de la voix étudiante du Québec.

Notons enfin que cette association se dit également « transparente ». Cette affirmation nous fait sourciller : aucun procès-verbal des instances décisionnelles de l’UEQ n’est disponible sur son site Web. Comment peut-on s’y affilier en connaissance de cause? Le comité du Non n’est évidemment pas opposé à une collaboration entre les étudiant.es universitaires du Québec : nous croyons seulement que l’UEQ, avec ses failles et son manque de transparence et de démocratie, n’est pas un véhicule pertinent pour ce faire.

Signataires :

Félix Étienne, étudiant en histoire

Guy-Philippe Côté, étudiant en théâtre

Pierre-Élie Hupé, étudiant en sociologie

Jérôme Lemelin, étudiant en physique

David Frenette, étudiant en histoire

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