Photo : Léizhu Morissette

En 2021, le Saint-Laurent a eu chaud

Peter Galbraith, chercheur en océanographie physique à Pêches et Océans Canada, fait le point de l’année 2021 pour les eaux du Saint-Laurent et affirme que l’année qui vient de passer en a été une « remarquable » pour les eaux du golfe. En quarante ans, jamais le fleuve n’a été aussi chaud et ce dans les trois couches d’eau, c’est-à-dire la couche de surface, la couche intermédiaire froide et les eaux profondes.

Par Sabrina Boulanger, journaliste multimédia

 

Trois couches d’eau
Dans le golfe, la colonne d’eau a trois couches distinctes. Les eaux de surface sont sujettes à de grands changements de température en raison de ses interactions avec l’atmosphère et les eaux de ruissellement. Elles atteignent habituellement leur valeur maximale durant autour de la mi-août, soit en moyenne 15,6 °C, quoiqu’il existe également des variations spatiales (Galbraith et al, 2020). Lorsque vient l’automne, le vent contribue à mélanger les eaux et c’est un refroidissement de la couche d’eau de surface. L’épaisseur de cette couche s’accroît, jusqu’à englober la couche intermédiaire froide : une fois à l’hiver, elle atteint en moyenne 75 m de profondeur. Au printemps, l’eau de surface se réchauffe de nouveau avec l’air qui la réchauffe ainsi qu’avec l’apport d’eaux de ruissellement, contribuant ainsi à lui donner une densité plus faible. Ainsi, dès le printemps, la couche de surface isole partiellement la couche intermédiaire froide, qui demeurera à des températures avoisinant 0 °C, y compris durant l’été. Cette couche deviendra progressivement plus chaude et plus profonde à son tour au fil de l’été, phénomène qui s’accélérera à l’automne étant donné le mélange vertical qui a lieu à cette saison. Sous la couche d’eau intermédiaire froide se trouve la couche d’eau profonde, soit à 150 m sous la surface et en deçà.

Des records atteints
On a noté des records de température dans les trois couches du fleuve. Les mois d’octobre et de novembre ont été les plus chauds enregistrés dans les eaux de surface depuis 1981, plus particulièrement dans l’estuaire et le nord-ouest du golfe, selon Peter Galbraith. Les eaux intermédiaires froides ont aussi fait des records, étant à leur plus chaud depuis 40 ans. Les eaux profondes ont connu le même sort, soit les températures les plus chaudes rencontrées depuis plus de 100 ans. (Parenteau, 2022)

La vie fluviale affectée
De tels changements de température ont une incidence sur beaucoup d’espèces vivant dans le Saint-Laurent. Il y a lieu de s’inquiéter des impacts qu’aura le changement d’habitat de certaines espèces qui chercheront à retrouver une eau plus fraîche. Notamment, les déplacements de plusieurs organismes marins affecteront le secteur de la pêche.

Des données intéressantes
La consolidation des données collectées en 2021 en ce qui a trait au Saint-Laurent saura certainement éclairer les chercheurs dans l’optique de prévoir les impacts des changements climatiques. Contrairement à l’année dernière, selon Galbraith, 2022 ne devrait pas se révéler aussi « remarquable », étant donné les conditions atmosphériques beaucoup plus froides que celles de 2021. (Parenteau, 2022)

Sources
Galbraith, P., Chassé, J., Shaw J.-L., Dumas, J., Caverhill, C., Lefaivre D. et Lafleur C. (2020). Conditions océanographiques physiques dans le golfe du Saint-Laurent en 2019. Pêches et Océans Canada. https://publications.gc.ca/collections/collection_2020/mpo-dfo/fs70-5/Fs70-5-2020-030-fra.pdf

Parenteau, M. (18 janvier 2022). Les eaux du golfe du Saint-Laurent fracassent des records de température. Radio-Canada. https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1855321/golfe-temperature-eaux-profondeur-surface-glace-rechauffement-automne-biodersite

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