La science pour sauver la culture scientifique

À l’heure où la culture scientifique est remise en question par les mesures d’austérité et de rigueur budgétaire imposées par le gouvernement du Québec, une étudiante lavalloise se penche sur l’efficacité du programme d’animation scientifique du Club des Débrouillards.

Le vendredi 12 décembre 2014. Le ministère de l’Économie, de l’Innovation et des Exportations annonce la coupe de sa subvention annuelle aux Publications BLD, société éditrice des magazines Les Débrouillards, Les Explorateurs et Curium. Du même souffle, il coupe les vivres à l’Agence Science-Presse, à l’Association francophone pour le savoir (Acfas), à Science pour tous et au Conseil de développement du loisir scientifique (CLS) ainsi qu’à ses neuf composantes régionales. C’est le vendredi noir de la culture scientifique.

Lorsqu’elle apprend la nouvelle, Viviane Desbiens, étudiante à la maîtrise en psychopédagogie à l’Université Laval, n’y croit tout simplement pas ses yeux. « J’ai travaillé pendant dix ans dans le domaine des organismes de culture scientifique, dit celle qui était alors en congé de maternité. Comment peut-on affirmer pendant des années que la vulgarisation scientifique est importante et, du jour au lendemain, se revirer de bord ? »

La situation l’interpelle d’autant plus qu’elle avait entamé, quelques mois auparavant, sa collecte de données pour sa maîtrise qui, justement, porte sur l’efficacité du programme du Club des Débrouillards. « Ça ne remettait pas en question mes travaux, se souvient la jeune femme, mais je trouvais ça triste. » Cette fin de semaine, elle l’a passée sur les réseaux sociaux, à diffuser de l’information dans l’espoir de voir le gouvernement revenir sur sa décision.

Réaffirmer son importance

Ce que ce dernier a fait. Dimanche soir, les Libéraux font volte-face et annoncent le maintien des subventions. Bien qu’elle soit « très contente » de voir le gouvernement reculer ainsi, Viviane n’en demeure pas moins ébranlée et soucieuse pour l’avenir de la vulgarisation scientifique au Québec. « Rien n’est assuré pour l’avenir, s’inquiète-t-elle.

Elle poursuit : « Je me console en me disant que mes travaux de recherche permettront aux organismes de culture scientifique de réaffirmer leur pertinence auprès des instances gouvernementales ».

Comment ? « Actuellement, la seule manière de rendre compte de l’efficacité des programmes de culture scientifique, comme celui du Club des Débrouillards, est de chiffrer le nombre de jeunes touchés, explique-t-elle. Or, avec ma recherche, nous pourrons aller plus loin en faisant état, entre autres, du rapport des jeunes à la science, des défis et obstacles auxquels sont confrontés les animateurs et ainsi de suite. » Paradoxalement, ces programmes n’avaient jamais auparavant été étudiés de manière… scientifique.

Viviane compte présenter ses premiers résultats – « préliminaires », spécifie-t-elle – à l’occasion du 83e Congrès de l’Acfas qui se tiendra du 25 au 29 mai à Rimouski. L’étudiante-chercheuse fait également partie des vingt-cinq finalistes du concours pancanadien « J’ai une histoire à raconter », commandité par le Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH). Vous l’aurez deviné, ce concours, assorti d’une bourse de 3000 $, en est un de vulgarisation et de diffusion scientifiques.

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