Photo : Danika Valade

Mort de Pilule : L’autopsie

Des milliers d’étudiants de l’UL apprenaient la triste nouvelle le 17 janvier dernier : Pilule tire sa révérence. L’interface web, qui se voulait une solution aux lacunes de Capsule, n’existe plus. La question qui surgit alors est : pourquoi ? Alexandre Clément, créateur et gestionnaire de Pilule, explique les dessous de l’affaire. 

En 2011, alors qu’il était étudiant à la Faculté des lettres et des sciences humaines, Alexandre Clément décide d’apporter une solution aux lacunes de Capsule, récemment acquis par l’UL au coût de 20,5 millions de dollars. Il entame la création d’une interface davantage ergonomique où les opérations relatives à la gestion d’études (inscriptions, admissions et dossier scolaire notamment) peuvent être effectuées plus facilement. Au début, le site Internet est hébergé sur le serveur personnel de l’étudiant.

Très vite, l’UL en est informée et « n’aime pas tant ça », rapporte Alexandre. Soupçonnant une menace informatique, le bureau de sécurité de l’information envoie alors un avis à tous les étudiants de l’UL leur demandant de ne pas utiliser le nouveau site. Cependant, après un premier contact entre Alexandre et l’UL, il est convenu de déplacer Pilule sur le serveur de l’Université. Ainsi, comme l’explique le jeune homme, « les données [restaient] dans le domaine de l’université. »

Aussi surprenant que cela puisse sembler, le rapport entre Alexandre Clément et l’UL a pratiquement cessé aussitôt le partenariat établi. Comme le rapporte l’ancien étudiant, « le contact entre moi et l’Université s’est pas mal arrêté après [que l’Université m’ait prêté] l’un de ses serveurs ». Or, ce manque de communication n’a pas été sans conséquence pour Alexandre, notamment en ce qui a trait au maintient de la compatibilité de Pilule avec les nouvelles versions de Capsule.

Le début de la fin

Au départ, lorsque Capsule subissait des mises à jour, Alexandre Clément parvenait à modifier les données de Pilule afin que les deux puissent rester compatibles. Or, ce travail est devenu de plus en plus ardu avec le nombre grandissant de mises à jour à effectuer et le manque de support de la part de l’UL.

Tout d’abord, comme l’explique le principal intéressé, lorsqu’il a terminé ses études à l’UL, il a cessé du même coup d’avoir accès à un IDUL. Il ne pouvait donc plus faire les mises à jour sur Pilule grâce à son propre compte Capsule. Pour des raisons administratives, l’UL ne lui a jamais donné un compte Capsule pour lui permettre de réaliser plus facilement les mises à jour nécessaires. Ainsi, il n’avait d’autre choix que d’emprunter le compte Capsule d’amis inscrits à l’UL.

L’autre embûche qu’il a rencontrée est le manque d’accès à des « comptes étudiants de test », c’est-à-dire des comptes qui lui auraient permis de s’assurer que Pilule soit fonctionnel pour tous les étudiants de l’Université. Comme le vulgarise l’ancien étudiant, « Pilule marche pour 80% des étudiants. [Ceux pour qui ça ne fonctionne pas], c’est parce que [ces] étudiants ont des cheminements particuliers, des spécificités. » Sans l’accès à ces comptes de test, Alexandre ne pouvait donc pas assurer le fonctionnement de Pilule pour environ 20 % des utilisateurs. Encore une fois, explique-t-il, le support de l’UL n’était pas vraiment au rendez-vous.

Malgré la popularité considérable de Pilule (environ 20 000 visites mensuelles et 5 000 utilisateurs uniques), Alexandre Clément n’a jamais eu à sa disposition une personne-contact à l’UL pour l’aider à gérer son site. Comme il le mentionne lui-même, « à l’UL, il n’y a personne qui s’occupe de Pilule ». De quoi rendre sa tâche encore plus ardue.

Lorsqu’on lui demande pourquoi l’UL a agi ainsi, Alexandre Clément croit qu’il y avait tout simplement un manque d’intérêt de la part de l’Université dans le projet, et ce, même s’il reconnaît qu’il aurait pu faire plus de démarches pour obtenir davantage de support. « [Le but de l’UL] est de miser sur l’ENA (Environnement numérique d’apprentissage). [L’Université veut] concentrer de plus en plus de trucs là-dessus », mentionne-t-il. Il rappelle que Pilule n’était qu’un pansement pour cacher les lacunes de Capsule, mais qu’en aucun cas le site Internet de l’étudiant n’était voué à remplacer le site de gestion institutionnelle.

Adieu Capsule!

Par Alexandre Thibault 

Quel avenir pour la plateforme Capsule? René Lacroix qualifie cette technologie d’âgée et de peu efficace sur le plan ergonomique, allant même à définir le processus d’inscription aux cours de « bordélique ».

Ses propos font écho à ceux d’un bon nombre d’étudiants frustrés par la difficulté d’obtenir une information dans un labyrinthe de différents portails. Dans l’onglet Suggestions de l’ENA, un commentaire demandant « Une seule et même adresse pour toutes les fonctions dont devrait disposer l’étudiant » avait récolté un appui solide de la part des usagers, reflétant encore une fois le désir d’optimiser et de centraliser l’accès à l’information.

Le futur des technologies de l’information à l’Université abonde dans ce sens. Les étudiants peuvent s’attendre à un délai minimal de 2 ans au terme duquel Capsule sera enfin « décommissionné » et l’entièreté des ressources web intégrées au sein d’une plateforme unique. Le vice-recteur mentionne qu’il y a déjà eu un projet pilote à l’automne, regroupant 200 étudiants de différentes facultés, qui se poursuivra cet hiver.

Il décrit sa vision, disant vouloir « rapprocher les services et les mettre à l’intérieur de ce portail pour que l’étudiant ait un seul endroit où interagir. » L’idée derrière la conception de ce projet se veut être « l’expérience et l’autonomie de l’individu ». Il prévoit même intégrer certaines fonctions inhérentes à Pilule, une initiative étudiante qui tentait d’offrir une interface web plus facile d’usage.

D’ici la session d’hiver prochaine, certains services administratifs seront déjà transférés dans l’ENA. Il sera entre autres possible d’exiger une attestation d’études à temps plein sans devoir se déplacer au Bureau du registraire.

« Ça va se faire morceau par morceau », dit-il. Les applications facultaires, le Service des finances, l’aide aux études, le Registraire, ainsi que toutes les ressources en ligne seront rapatriées dans l’ENA, et ce, dans les deux prochaines années.

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