Prédictions « foudroyantes »

Le jamaïcain Usain Bolt a de nouveau réalisé un triplé historique aux Jeux olympiques de Londres, sans pour autant battre le record sur 100 m. Des chercheurs ont, eux, prédit que l’athlète pourrait courir plus vite, sans effort supplémentaire.

Anne-Laure Nivet

Cette année encore les Jeux olympiques (JO) se sont achevés avec leurs lots de nouveaux records. Quelles sont les limites physiologiques de l’être humain ? Le coureur jamaïcain Usain Bolt est l’homme le plus rapide sur 100 m. Son record mondial de 9,58 secondes réalisé en 2009 à Berlin a ainsi surpassé l’estimation du temps empirique minimal établie par l’Institut de recherche biomédicale et d’épidémiologie du sport de Paris en 2008 (9,72 s). Depuis, différentes équipes de chercheurs ont fait d’autres estimations. L’une d’entre elles, celle du Dr John D. Barrow publiée en avril 2012, fait le pari d’une amélioration, sans effort additionnel, de la performance de la « Foudre » jamaïcaine !

D’abord, le temps de réaction de l’athlète n’est pas optimal. Il était de 0,146 seconde aux Championnats du monde berlinois lorsque Bolt a battu le record mondial. Le Trinidadien Richard Thompson, cinquième de la finale, était parti 27 millisecondes avant lui ! Ceci s’est vérifié à nouveau cette année à Londres. Le Jamaïcain n’a ainsi obtenu que le 5e temps de réaction des finalistes du 100 m. Usain Bolt avait peut-être encore en tête sa disqualification pour faux départ aux Championnats du monde sud-coréen à Daegu en 2011. En supposant que l’athlète diminue son temps de réaction à 0,12 seconde ou encore mieux à la limite autorisée (0,1 s), son record sur 100 m serait non plus de 9,58, mais de 9,55, voire de 9,53 secondes et ce, sans courir plus vite !

Ensuite, le Dr Barrow souligne l’importance de l’environnement qui supporte le coureur. En effet, un vent favorable est toléré jusqu’à 2 mètres par seconde, ce qui réduit le temps de 0,11 secondes au maximum. Lors de son record mondial, le vent poussait Bolt à 0,9 m/s, ce qui n’était donc pas optimal. Il pourrait réduire son temps de 0,06 secondes avec des vents de 2 m/s, portant son temps à 9,5 secondes dans le contexte où le temps de réaction serait optimal.

Par ailleurs, la densité de l’air constitue une variable non négligeable. Elle est globalement inversement proportionnelle à l’altitude. Or, moins l’air est dense, moins il offre de résistance. Aux JO de Mexico en 1968, à l’altitude de 2 240 mètres, la densité de l’air était de 0,98 kg/m3 contre 1,23 kg/m3 au niveau de la mer, ce qui a augmenté de 0,08 % les performances des coureurs. La limite est maintenant fixée à 1 000 mètres. Courir à cette altitude pourrait faire gagner 0,03 seconde à Bolt.

Ainsi, en cumulant le temps de réaction optimal, le vent le plus favorable et l’altitude maximale, le record actuel d’Usain Bolt sur 100 m pourrait passer de 9,58 à 9,45 secondes, et ce sans courir plus vite. Pari tenu… mais théoriquement ! En effet, cette année le sprinter n’a pas amélioré son record même s’il a gagné la médaille d’or. Son entraineur, Glen Mills, avait pourtant évoqué l’objectif de descendre sous les 9,5 secondes. Récemment, des chercheurs de l’université de Tilburg, aux Pays-Bas, était même allé plus loin, en annonçant la possibilité de parcourir 100 m en 9,36 secondes. Qui dit mieux ?

Crédit photo Une : Courtoisie Flickr rich115, creative commons

Laura Lukyniuk

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