À l'approche de la fin de session, on a tendance à oublier que les aliments santé sont à la portée de tous. Encore faut-il savoir les choisir et le faire avec modération.

Santé : le bon et l’inutile

À l’approche de la fin de session, on a tendance à oublier que les aliments santé sont à la portée de tous. Encore faut-il savoir les choisir et le faire avec modération. C’est le message délivré lors du café scientifique Les aliments santé : le bon et l’inutile du 5 avril dernier à la Ninkasi du faubourg.

Jean Daniel Doucet

C’est que les aliments affichés « santé » ont des effets pervers sur notre perception. Les travaux de Véronique Provencher, professeure à l’Institut des nutraceutiques et des aliments fonctionnels de l’Université Laval ( INAF ), ont démontré que nous consommons « 35% plus un aliment identifié santé que sa 
version normale. »

Tout de même, l’efficacité d’une saine alimentation n’est plus à démontrer. « On a des modèles d’alimentation santé extrêmement performants. Par exemple, les diètes méditerranéennes et certaines autres à base de fibres, de phytostérol et de noix sont reconnues pour améliorer significativement la santé cardio-vasculaire », explique Benoît Lamarche, chercheur à l’INAF  et biochimiste de formation.

Mais, l’alimentation n’est pas une question d’un seul nutriment. « Il faut regarder les aliments dans leur ensemble et pas seulement le supplément d’oméga-3 », ajoute le scientifique. Véronique Provencher abonde dans le même sens : « Quand on manque d’un nutriment, on peut compléter avec un supplément, mais rien ne vaut les fruits et les légumes par exemple. »

La mode des aliments santé

Gruau poids contrôle; biscuit à l’avoine, canneberge et oméga-3 ; pain blanc 16 grains etc. Il n’est pas facile de se repérer dans une alimentation dominée par un marketing parfois trompeur. «Pour les nutritionnistes, l’alimentation, c’est leur vie; pas pour le reste de la population », constate avec humour Gale West, professeure en science de la consommation à l’Université Laval spécialisée sur la perception et le comportement des consommateurs envers les aliments.

Les gens adhèrent donc très peu à une saine alimentation quotidienne. « Bien s’alimenter, c’est comme prendre un médicament : les bénéfices s’arrêtent quand on arrête de le consommer », explique M. Lamarche. « En France, on mange beaucoup mieux par défaut. C’est dans leur culture. On devrait apprendre d’eux » estime quant à elle Mme Provencher.

Changer d’assiette

Selon Véronique Provencher, un changement des habitudes alimentaires québécoises passe par une meilleure éducation et par un resserrement des normes. « On doit offrir des aliments déjà préparés qui sont globalement bons pour la santé et informer les gens, un peu comme ce qui a été fait dans le cas du tabac », soutient-elle.

Et il ne faut pas voir ces bonnes habitudes alimentaires comme une panacée, particulièrement en période d’examen! « Si vous mangez bien, mais que vous êtes très stressé, vous aurez quand même des problèmes de santé », conclut le professeur Lamarche.

 

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