Photo : Élia Barbotin

Congrès du PLQ : L’eau c’est sacré

Quelques minutes à peine après la fin du premier rassemblement en opposition au gouvernement Couillard organisé par la campagne Engagez-vous pour le communautaire, les opposant(e)s à l’économie extractiviste et à l’exploitation des hydrocarbures au Québec ont aussi fait valoir leurs arguments devant le Palais des congrès.

Sous une neige froide et pesante, les quelques dizaines de militant(e)s écologistes des regroupements L’eau de la terre, c’est sacré et du Camp de la rivière – Galt-Junex, ont marché en marge du congrès du Parti libéral du Québec pour dénoncer l’exploitation du pétrole et du gaz au Québec.

« Tous ces enjeux sont connectés, soutient le porte-parole du rassemblement, Pascal Bergeron. Ça fait 20 ans que le gouvernement coupe dans tous les services, et qu’est-ce qu’on a ? Une cimenterie à Port-Daniel. Ils ont fait le choix d’investir massivement dans l’exploitation des hydrocarbures. C’est de l’argent qui a été volé au réseau communautaire, de la santé et de l’éducation. »

L’évènement s’est déroulé sans trop faire de vagues, malgré la présence policière accrue devant le complexe hôtelier du centre-ville. « On a une chance d’être visible, de leur dire notre façon de penser et leur faire craindre pour leur pouvoir. On est tannés de se faire forer », poursuit-il.

Les personnes présentes demandaient au gouvernement le retrait de loi 106 et des autres règlements menaçant la santé de l’eau, des écosystèmes et des communautés, tout en réclamant l’interdiction de l’exploitation du pétrole et des gaz de schistes sur le territoire, et le respect des engagements de l’Accord de Paris (COP21). Le retrait des investissements publics dans les projets polluants ainsi que la mise en place d’un virage vert font aussi partie des revendications des manifestant(e)s.

Bien qu’il résumerait la demande des militant(e)s à ce « que l’eau soit protégée », le porte-parole du rassemblement, Pascal Bergeron, explique que « ça implique l’arrêt immédiat des forages, une sortie rapide des hydrocarbures et la mise en place d’une véritable transition énergétique au Québec. »

Changements en profondeur

Une transition énergétique demande un certain nombre de changements plus ou moins radicaux à la fois en ce qui a trait à l’urbanisme, l’architecture et les matériaux de construction. Cela implique aussi un virage institutionnel majeur. « Ça passe par une révolution des institutions. On ne peut pas continuer avec un système corrompu qui ne prend pas de feedback de sa population, à juste aller de l’avant et à gouverner aux quatre ans », soutient le militant écologiste.

Pour Pascal Bergeron, la transition passe aussi par un meilleur ancrage local, qui réduirait la dépendance au pétrole. « Au début des années 80, on était autosuffisant en alimentation à la hauteur du 80%. Aujourd’hui, on est rendu autour de 30%. Nous sommes dépendants des hydrocarbures pour le transport de nos aliments. Il faut redevenir autosuffisant. »

Le porte-parole soulève par ailleurs qu’une telle question devrait non seulement être discutée par les partis politiques, mais également soumise au débat public. « Ce sont trois choses relativement simples, mais trois chantiers énormes. Je crois que ça prendrait des états généraux, car c’est une question trop sérieuse pour la laisser entre les mains d’un seul parti politique, qui est au pouvoir depuis presque 20 ans », conclut-il.

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