Hausses de loyer illégales, quantité «famélique» de logements disponibles, propriétaires abusif.ves… Partout à travers le Québec, les étudiant.es sont parmi les victimes les plus vulnérables de la crise du logement. Impact Campus dresse un portrait en quatre articles de comment elle se vit à l’Université Laval.
Par Antoine Morin-Racine, chef de pupitre aux actualités, et Florence Bordeleau-Gagné, journaliste multiplateforme
Le marché locatif de Québec : les étudiant.es victimes des « propriétaires-investisseurs »
Selon deux employé.es de groupes de défenses des locataires contacté.es par Impact Campus, les étudiant.es se butent à une conjoncture qui n’est pas à leur avantage quand iels sont à la recherche d’un appartement sur le marché privé locatif, tant aux alentours du campus qu’ailleurs à Québec.
Nicole Dionne, du BAIL, l’un des plus vieux groupes communautaires d’aide au locataire de la capitale, souligne qu’iels ont commencé à voir des signes de la crise du logement qui sévit aujourd’hui plusieurs des années avant la pandémie. Selon Mme Dionne, les rénovations et les reprises de baux sont deux des symptômes d’une nouvelle philosophie d’investissement et de gestion immobilière prédatrice et pressée d’avoir son retour sur investissement.
Résultat : Un accès au logement de plus en plus difficile financièrement avec des augmentations mensuelles de loyer allant jusqu’à des centaines de dollars dans certains cas.
Selon les deux travailleur.euses communautaires interrogé.es, ces « propriétaires-investisseurs » sont souvent très friands de la clientèle étudiante, car celle-ci ne connaît pas ses droits et ne reste dans son logement bien souvent que pour la durée de ses études. Cela permet aux propriétaires d’augmenter les loyers bien plus fréquemment entre les différent.es locataires.
Charles-Olivier P. Carrier, organisateur communautaire au Comité Logement de Québec-Ouest (CLAQO), explique que les jeunes, « et par extension les étudiant.e.s », ont longtemps eu l’habitude de « choisir la fuite » lors d’un problème avec leur locateur ce qui crée « une pression à la hausse sur les loyers des secteurs autour des institutions scolaires de Sainte-Foy. » Cependant, avec le taux d’inoccupation « famélique » d’en se moment, il trouve scandaleux que les étudiant.es doivent de plus en plus se résoudre à « tolérer des situations de logement absolument inacceptables ».
Mme Dionne explique aussi que, dans les quartiers centraux, les étudiant.es sont aussi un facteur de gentrification pour le reste de la population locataire. En plus d’être une clientèle peu difficile, leurs choix de consommation ont souvent pour effet de faire apparaître des commerces plus branchés et dispendieux, ce qui « rehausse » le cachet du quartier en même temps que le prix de ses loyers.
Malgré cela, Mme Dionne spécifie que les étudiant.es ne sont pas à blâmer et qu’iels font surtout partie des victimes de la crise du logement – crise qui pourrait notamment être allégée par la construction de logements sociaux réservés aux étudiant.es.
Cet article fait partie d’un dossier de quatre : (1/4) Les résidences étudiantes, trop beau pour être vrai ? (2/4) ; Les étudiant.es victimes des « propriétaires-investisseurs » ;(3/4) L’UTILE comme projet novateur, mais pas accessible à toustes ; (4/4) L’itinérance étudiante