[Dossier 4/4] Crise du logement à l’UL : l’itinérance étudiante

Hausses de loyer illégales, quantité « famélique » de logements disponibles, propriétaires abusif.ves Partout à travers le Québec, les étudiant.es sont parmi les victimes les plus vulnérables de la crise du logement. Impact Campus dresse un portrait en quatre articles de comment elle se vit à l’Université Laval.

Par Antoine Morin-Racine, chef de pupitre aux actualités et Florence Bordeleau-Gagné, journaliste multiplateforme

Dans ce dossier, nous avons parlé de résidences étudiantes, du marché locatif privé et d’un Organisme à but non lucratif qui a à cœur les enjeux de logement étudiant. Cependant, toutes ces options ne sont pas suffisantes, et certain.es étudiant.es se retrouvent en situation d’itinérance.

Quand les sofas du campus deviennent l’ultime refuge 

Les enjeux d’itinérance sur le campus peuvent être, en grande partie, regroupés sous le nom «d’itinérance cachée ». On parle en effet d’étudiant.es qui doivent se résoudre à vivre sur les divans d’ami.es, dans leur auto ou même sur les sofas des pavillons universitaires. Car les bâtiments sont débarrés 24/7, ils sont chauffés, et ils sont sécuritaires. Quelques étudiant.es, incapables de trouver un logement, s’y réfugient donc en dernier recours. L’administration de l’Université est au courant de la situation. En effet, elle a instauré, cet automne, un Comité sur l’itinérance étudiante afin d’étudier la question. Il en ressort que depuis 2022, environ 20 personnes sont connues par le Service de sécurité et de prévention (SSP) de l’UL. On parle principalement de personnes autochtones, qui éprouvent des difficultés à trouver les ressources nécessaires à leur arrivée sur le campus. 

Bien que le SSP se soit d’abord montré réceptif à dialoguer avec Impact Campus à propos de cet enjeu, les relations de presse de l’Université Laval ont rapidement pris le relais. Le porte-parole s’est limité à nous fournir cette réponse par courriel : 

« À l’initiative de la Table de concertation en santé durable, un comité de réflexion consacre, depuis quelques semaines déjà, ses travaux à la question de l’itinérance sur le campus. Sans en connaître précisément l’ampleur et avec peu de cas recensés, ce comité vise à comprendre le phénomène, identifier les filets qui peuvent être mis en place pour l’éviter ou le gérer adéquatement et accompagner les personnes touchées.

L’Université Laval se soucie de la santé et du bien-être de sa communauté. En ce sens, les efforts nécessaires sont déployés pour offrir une expérience enrichissante à toute la communauté étudiante. Que ce soit de l’offre du logement sur le campus, le maintien d’un milieu d’étude et de travail sain et sécuritaire, la variété et la qualité des programmes d’études, des offres de soutiens financiers et psychosociaux ou les activités variées disponibles, l’Université Laval veille à réunir les conditions gagnantes pour que les étudiantes et étudiants mènent à bien leur projet d’études. »

Malgré sa connaissance du problème et plusieurs projets d’habitations dont la construction est prévue dans les prochaines années, le comité en question ne s’est réuni qu’une seule fois depuis l’automne dernier.

Mais combien un.e étudiant.e doit-il donc gagner par année pour se loger à Québec ?

Considérant qu’il faut allouer un maximum de 35%  de son revenu pour son loyer (25% étant le seuil normal), un.e étudiant.e de l’UL travaillant à 16$/h doit travailler 18h par semaine pour les résidences universitaires, ou 27h par semaine pour avoir un studio à l’Ardoise. Il faut également prendre en considération la possibilité de travailler l’été pour avoir de l’argent, ainsi que les montants octroyés par les prêts et bourses. Baissons donc approximativement à 12h pour les résidences et 20h pour les studios de l’UTILE… 

Lieu Prix du loyer mensuel, par chambre Montant à gagner, par paies (2 semaines) Nombre d’heures à travailler à 16$/h
Résidence UL 410 $ 585.90$ 18h
Ardoise (colocation dans un 4 ½) 548,5$ 783.58$ 24,5h
Ardoise (studio) 618$ 882.86$ 28h
Appartement standard à Sainte-Foy (colocation dans un 4 ½) 625$ 892.86$ 28h

Note : Ce tableau prend en considération que le loyer correspond à 35% du revenu mensuel de l’étudiant.e (ce qui est au-delà du 25% suggéré par le gouvernement du Québec). Il faut aussi garder en tête que les résidences de l’UL sont tout compris (électricité, chauffage, WiFi, etc.), et meublées. Les appartements de l’UTILE incluent les électroménagers, le WiFi et l’eau chaude.   

Malgré les déboires actuels des étudiant.es pour se loger, Nicole Dionne est d’avis que la situation n’est pas sans issue, bien qu’elle nécessite la mobilisation des étudiant.es. « Il ne faut pas sous-estimer la force du nombre … les étudiants nous l’ont montré en 2012. Si j’avais quelque chose à vous dire, c’est : informez-vous sur vos droits, ne vous laissez pas avoir, et mobilisez-vous pour votre droit au logement … Vous avez une grande force et un grand pouvoir ! »

Dans tous les cas, si des projets locatifs spécialement conçus pour les étudiant.es sont en cours de route, la situation actuelle reste urgente, et les solutions à court terme demeurent rares, voire inexistantes. 

 

Cet article fait partie d’un dossier de quatre : (1/4) Les résidences étudiantes, trop beau pour être vrai ? (2/4) ; Les étudiant.es victimes des « propriétaires-investisseurs » ;(3/4) L’UTILE comme projet novateur, mais pas accessible à toustes ; (4/4) L’itinérance étudiante 

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