Hausses de loyer illégales, quantité «famélique» de logements disponibles, propriétaires abusif.ves… Partout à travers le Québec, les étudiant.es sont parmi les victimes les plus vulnérables de la crise du logement. Impact Campus dresse un portrait en quatre articles de comment elle se vit à l’Université Laval.
Par Antoine Morin-Racine, chef de pupitre aux actualités et Florence Bordeleau-Gagné, journaliste multiplateforme
Dans ce dossier, nous avons déjà parlé des résidences étudiantes, celles qui existent déjà, celles qui seront construites et disponibles à tous.tes et un projet de résidence pour les étudiant.es autochtones. Nous avons également parlé du marché locatif privé et des positions précaires dans lesquelles il met la population étudiante. Analysons à présent l’offre de l’Unité de travail pour l’implantation de logement étudiant (UTILE), un OBNL qui propose une alternative aux populations étudiantes du Québec.
L’UTILE : Un projet novateur, mais pas accessible à toustes
Organisme à but non lucratif fondé en 2013, l’Unité de travail pour l’implantation de logement étudiant s’est donné pour mission de « développer, gérer et promouvoir » des projets d’habitation étudiante abordables et durables.
Avec quatre bâtiments en opération entre Montréal, Québec et Trois-Rivières, et six autres à venir, l’UTILE offre déjà près de 600 appartements de qualité dont plusieurs sont en dessous des prix moyens du marché. Dans le bâtiment Ardoise, construit tout récemment aux abords du campus sur le chemin Sainte-Foy, les studios et les 4 ½ (deux chambres) oscillent autour de 100$ en bas du loyer moyen à Sainte-Foy en 2023 (SCHL, 2023). Cependant, les appartements de 3 ou 4 chambres, eux, restent presque 110$ au-dessus de ce même loyer moyen.
Bien qu’une aubaine conséquente, les loyers de l’UTILE restent inabordables pour certain.es des étudiant.es les plus affecté.es par la crise du logement, comme celleux avec un budget très serré et ayant un besoin immédiat de se loger. L’Ardoise affiche effectivement déjà complet pour cette année, ce qui ne peut pas répondre aux besoins d’étudiant.es qui n’arrivent tout simplement par à trouver un logement disponible qu’il leur serait possible de louer.
Élise Tanguay, responsable aux affaires publiques de l’organisme, insiste sur d’autres avantages non négligeables de leurs projets : le prix un peu plus élevé de certains loyers s’explique notamment par le fait que les bâtiments sont construits en matériaux durables afin d’amortir l’investissement et de réduire les coûts à long terme des bâtiments. La construction de logements neufs pour les étudiant.es libère également plus d’appartements du parc locatif local et participe ainsi à alléger le taux d’occupation.
En plus de leur volet construction, l’UTILE est également la première organisation à avoir mené des sondages sur le logement étudiant au Québec. Leur enquête PHARE de 2021 révèle notamment que les étudiant.es paient des loyers 21% plus élevés que le reste des locataires, ce qui remet en perspective la pertinence du travail de l’OBNL, même si le produit qu’elle offre n’est pas entièrement accessible.
Rappelons tout de même, que les loyers de l’UTILE restent cependant moins dispendieux que ceux envisagés par l’Université Laval pour ses prochains projets de résidences sur le campus.
La situation étant déjà difficile pour celleux ayant la chance d’avoir pu trouver un toit, ces personnes n’ayant pas accès à de l’aide financière familiale ou gouvernementale, qui viennent d’atterrir au Canada ou qui n’ont simplement pas pu trouver de logement à temps sont souvent celles qui doivent se résoudre à occuper le salon d’un.e ami.es ou, pire, à devoir essayer de devoir dormir discrètement dans les pavillons. Consultez le dernier article de cette série sur l’itinérance étudiante pour en savoir plus.
Cet article fait partie d’un dossier de quatre : (1/4) Les résidences étudiantes, trop beau pour être vrai ? (2/4) ; Les étudiant.es victimes des « propriétaires-investisseurs » ;(3/4) L’UTILE comme projet novateur, mais pas accessible à toustes ; (4/4) L’itinérance étudiante