L’État québécois souhaite réinvestir dans les universités

Le ministre des Finances du Québec, Carlos Leitão, a annoncé, vendredi dernier, que son gouvernement prépare un réinvestissement dans les universités et les cégeps de la province en 2017. La décision a été saluée par plusieurs membres de la communauté étudiante.

Cette nouvelle tombe près de cinq ans après la crise du printemps érable qui a secoué l’univers étudiant. Depuis 2012, les campus n’ont jamais obtenu le financement promis à l’époque.

Or, les orientations changeraient actuellement à l’Assemblée nationale. « Le thème principal du budget, ça va être l’enseignement supérieur, la formation et la main-d’oeuvre », a d’ailleurs indiqué M. Leitão la semaine dernière, en entrevue avec La Presse.

En compagnie de sa collègue à l’enseignement supérieur, Hélène David, le ministre s’est assis avec le rectorat de l’Université Laval le 20 décembre dernier afin d’élaborer sur les manières de réinvestir dans les universités québécoises.

Questionné sur les chiffres de ces prochains investissements, M. Leitão a souligné que, pour l’instant, son équipe était en consultation afin de déterminer les meilleures options. « De quel ordre ? Il faut attendre, a-t-il lancé. On va faire ce qu’on peut avec les moyens que l’on a. »

La CADEUL réagit

En entrevue lundi avant-midi, la présidente de la CADEUL, Vanessa Parent, s’est dite assez satisfaite du dénouement que prennent les orientations actuelles en enseignement supérieur. Elle conserve toutefois certaines interrogations.

« Un réinvestissement, ça fait plusieurs fois qu’on le demande, donc c’est sûr qu’on est content, c’est une bonne nouvelle, lance-t-elle. Maintenant, il reste à voir comment va se répartir la division entre cégeps et universités. Il faut attendre le budget pour ça. »

L’idéal, selon elle, serait que les fonds injectés aillent directement dans le fonctionnement des institutions d’enseignement. La CADEUL était d’ailleurs présente aux consultations pré-budgétaires du gouvernement québécois la semaine dernière. Sa présidente estime que l’État s’est montré ouvert et que le tout s’est bien déroulé.

« Ils parlent de tout ce qui est formation de la main-d’œuvre et, bien souvent, ça veut dire cégep et enseignement technique, ajoute-t-elle. J’ai l’impression que ça va surtout être là, mais, en même temps, ils parlent beaucoup des universités. J’ai hâte de voir. »

Vanessa Parent voit d’ailleurs d’un bon œil le fait que le ministre Leitão se soit déplacé sur le campus pour répondre aux questions des associations étudiantes. Le politicien avait accepté de répondre à plusieurs questions en plus de diffuser l’intégralité du débat sur Facebook Live.

L’AELIÉS également interpellée

En considérant les bienfaits que la communauté retire de la formation et de la recherche universitaire, il va de soi, selon la présidente de l’AELIÉS, Milène R. E. Lokrou, qu’il est dans l’intérêt d’une société de bien financer ses universités.

« C’est en partant de ce principe que nous nous réjouissons lorsque des annonces de réinvestissement dans les universités sont faites, explique-t-elle. Nous restons prudents, cependant, quant à l’ampleur des sommes qui seront investies. »

Depuis près de 10 ans, l’association responsable des étudiants de deuxième cycle travaille sur des mémoires et des avis pour dénoncer le sous-financement du réseau universitaire québécois. Force est de constater, selon la présidente, qu’à chaque nouvelle annonce de réinvestissement, les sommes suggérées sont trop peu importantes pour pallier les dernières années d’austérité provinciale.

« Nous espérons donc que le prochain budget Leitão, prévu pour mars 2017, tiendra compte du retard accumulé par les universités québécoises et que des mesures conséquentes seront proposées, conclut Milène R. E. Lokrou. Il ne s’agit pas seulement de réinvestir des sommes puis d’imposer des vagues de coupures aux universités. Il s’agit de tenir compte de l’augmentation des effectifs universitaires, du retard dans certains programmes, de l’inadéquation de certaines formations avec le marché du travail. »

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