Suspension du certificat en création littéraire : état des lieux

Les étudiant.es qui désirent s’inscrire au certificat en création littéraire à l’automne 2021 devront choisir une alternative. En effet, la Faculté des lettres et des sciences humaines a pris la décision de suspendre indéfiniment le programme en raison d’enjeux structurels et financiers. Nous nous sommes entretenus avec le doyen de la faculté, Guillaume Pinson, afin de brosser un état de la situation.

Par William Pépin, journaliste web, en collaboration avec Emmy Lapointe, cheffe de pupitre aux arts

Problèmes structurels et financiers
À la suite d’une réflexion qui s’est étalée sur une « période de plus de deux ans », monsieur Pinson évoque des enjeux financiers, mais également des problèmes structurels, comme l’embouteillage des choix de cours et la circulation de l’offre pour justifier la suspension du certificat. En effet, monsieur Pinson affirme que « [l]e programme est relativement populaire, et donc nous devons ajouter autant de cours que nécessaires pour suivre la demande et former les groupes, ce qui engendre des coûts extrêmement élevés. Plus on doit constituer de nombreuses petites sections de cours, plus les coûts augmentent et plus le programme devient très demandant en ressources financières. » De plus, les coûts associés au certificat en création affecteraient également l’épanouissement du baccalauréat en études et pratiques littéraires et son offre de cours.

Alternatives au certificat
Monsieur Pinson souligne que le certificat en création n’est pas définitivement supprimé, mais uniquement suspendu pour une durée indéterminée afin « d’explorer des voies alternatives », comme la création d’un certificat contingenté (avec portfolio), des cours d’été non crédités ou encore des ateliers intensifs en petits groupes. Comme l’affirme le doyen de la Faculté des lettres et des sciences humaines, la pression financière actuelle est si forte qu’augmenter la taille des groupes devient inévitable, ce qui va en contradiction avec le contexte d’un cours en création ou l’approche individuelle ou en petits groupes est privilégié.

Une alternative plus concrète sera néanmoins offerte dès l’automne 2022 pour les étudiant.es du 2e cycle. Ces dernier.es pourront en effet s’inscrire au programme d’études supérieures spécialisées en création littéraire. Pour monsieur Pinson, le DESS donnera la possibilité à une « petite cohorte d’étudiants motivés » d’obtenir un stage ou l’occasion d’œuvrer sur un projet personnel avec une approche plus professionnalisante. Avec la suspension du certificat, la faculté se donne également pour priorité de consolider le baccalauréat en études et pratiques littéraires, ce qui donnera aux étudiant.es du programme la préséance concernant les choix de cours en création. Enfin, la redistribution du budget permettra de favoriser l’embauche d’étudiant.es au doctorat en tant que chargé.es de cours et ainsi bonifier l’offre de cours au baccalauréat.

Du point de vue des associations étudiantes
Concernant les discussions qui entourent le processus qui ont menés à la suspension du certificat, Monsieur Pinson explique qu’ « elles ont été menées à plusieurs reprises en comité de programme [et donc avec les représentants étudiants]. [E]lles ont été aussi menées au Conseil de Faculté [où siègent aussi des représentants étudiants], et jusqu’au Conseil universitaire. » Le doyen de la faculté insiste : « [i]l s’agit du processus normal en la matière, où la décision se prend progressivement, après de nombreuses analyses, discussions, études de scénarios, etc. »

En apprenant la nouvelle, l’Association Étudiante des Cycles Supérieurs en Études Littéraires (AECSEL) s’est dite surprise et déçue d’une telle décision qui semblait « manquer de transparence ». L’AECSEL soutenait notamment que « les programmes de création littéraire de l’université ont joué un rôle essentiel dans l’attribution du titre de l’UNESCO de “ville de littérature” à la ville de Québec » et que « l’abolition du certificat met en péril ce statut de “ville de littérature” qui doit être renouvelé ». Cependant, l’association étudiante, qui s’est entretenue avec la faculté par la suite, n’a pas officiellement pris position sur la question.

Crédits photo : Marc Robitaille

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