Critique littéraire : Cartographies III, Translations

Paru aux éditions La Mèche, Translations est le troisième tome des Cartographies. Alors que les deux premiers tomes rassemblent une littérature évoquant la Couronne Nord et la Couronne Sud de Montréal, Translations s’attarde plutôt au déracinement territorial dans son ensemble.

Une œuvre qui permet de voyager

Ce livre, qui regroupe six textes d’écrivains variés, englobe le thème de dépaysement que tout individu peut ressentir à un moment ou l’autre, tant à l’autre bout du monde que dans son propre lieu de naissance. Chacune des contributions témoigne de l’expérience personnelle de l’écrivain ayant fortifié et personnalisé l’interprétation qu’il se fait du sentiment de déracinement. Pour certains de ces auteurs, il apparaît évident qu’un déracinement territorial advient lorsque l’on voyage ou émigre vers un lieu étranger. Il s’agit ici d’un choc culturel ou linguistique, tel que mentionné par Patrice Lessard dans son texte. Celui-ci fait référence à sa difficile adaptation culturelle à Naples, où son statut de touriste alimente la « non-authenticité » de son séjour à l’étranger. Pour d’autres toutefois, ce sentiment de déracinement peut être ressenti dans sa propre ville, tel qu’expliqué par Maryse Andraos. Se sentir étrangère chez soi au Québec dû à ses racines égyptiennes, et ressentir ce même sentiment d’exclusion lors d’un séjour en Égypte car elle ne connaît ni la langue ni la culture, voilà la définition de déracinement pour l’autrice.

Alors que certains de ces textes sont anecdotiques, d’autres sont plutôt le résultat de l’imaginaire de l’écrivain. L’œuvre réussit à bien illustrer la perception que se fait chaque auteur de cette sensation de dépaysement. D’ailleurs, la forme des textes contribue à l’expérience de lecture, puisque celle-ci est variée tout au long de l’œuvre. On y retrouve des textes sous forme de carnet de bord maritime, de journal intime ou encore, et étonnamment, générés par un programme informatique. La grande diversité des sujets rend l’œuvre collective d’autant plus intéressante. Une seule critique s’avère : celle de laisser le lecteur sur sa faim dû à la faible quantité de textes face à un thème si vaste.

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