Critique musique : Insomniaq de PopLéon

PopleonInsomniaq est le résultat d’une opportunité saisie par PopLéon de faire un album avec les morceaux composés à l’origine pour Baiseries (Jean-Philippe Baril Guérard) présentée par le Théâtre du Quartel. La pièce avait d’abord été jouée aux Treize à l’hiver 2014, puis rejouée à La Malbaie à l’été 2015 et dans des appartements de Québec l’automne dernier.

Différents éléments musicaux tels l’agencement de voix, la création de mélodies, la texture et le rythme accordent un pouvoir immersif à la musique, créant de toute pièce un monde inédit. Ici, sans faire vivre profondément la mélancolie à l’auditeur, l’album Insomniaq de PopLéon permet de frôler le pessimisme et un immense sentiment de tristesse. La grisaille habituellement déclenchée par un évènement malheureux est maintenant partiellement atteignable par l’écoute de ce maxi composé de cinq titres.

Ce groupe local, qui semble avoir une allure underground, est finalement très accessible par son style entre la pop, l’électro, le rock et un soupçon d’alternatif. Cet album réalisé en collaboration avec Samuel Wagner (chanteur de Harfang) propose un contenu où la réverbération et les synthétiseurs permettent une finesse supplémentaire. Dans ces nouvelles compositions, l’expérience proposée est tout aussi sombre et angoissante que ce que l’on retrouve dans les albums précédents.

D’un autre côté, on peut ressentir une saturation auditive qui laisse croire que quelques pistes auraient pu être moins lourdes avec l’absence de voix. Malgré la qualité de celles-ci, leur union est parfois douteuse. L’EP nage entre l’anglais et le français, mais par moments, les prononciations encouragent un léger haussement de l’arcade sourcilière. L’accent québécois est parfois très audible et remet en question la justesse des performances.

Certaines pièces semblent mieux réfléchies que d’autres, plus intéressantes et moins étourdissantes à l’oreille. Par exemple, L’abondance sans la dignité propose une mélodie vaporeuse que l’on ne retrouve pas dans les autres titres. Cette chanson à travers laquelle on se sent transporté dans un néant lointain est visuellement comparable aux œuvres de Joseph Mallord William Turner ou de Caspar David Friedrich.

On en profite pour saluer, encore une fois, le beau travail de Yann Jobin pour la conception de la pochette de l’album.

Enfin, PopLéon c’est un peu comme l’existence des fées : on y croit !

Insomniaq (EP)

Popléon

Sortie le 29 janvier 2016

Note 3/5

Consulter le magazine