Jusqu’à brûler les boiseries : comment se remettre des coups portés à l’âme ?

Le 5 mars dernier, j’ai eu la chance d’assister à la première de la pièce Jusqu’à brûler les boiseries, au théâtre Premier Acte. Voici ce que j’en ai pensé.

Par Julianne Campeau, journaliste-collaboratrice

Cette pièce, inspirée de faits vécus, raconte l’histoire de Fred, un aspirant réalisateur qui a eu le malheur de tomber en amour avec Charles, homme possessif et violent, avec lequel il vivra pendant un temps. Lorsqu’il rompt finalement avec lui, Fred n’est plus que l’ombre de lui-même. Poignante, mais aussi inspirante, la pièce de Silviu Vincent Legault montre que la violence conjugale peut laisser des blessures plus longues et plus difficiles à guérir que celles visibles sur le corps, tout en montrant qu’il demeure possible de s’en sortir. On retrouve d’ailleurs dans le programme du spectacle les coordonnées de différentes ressources disponibles pour les victimes de tels actes (je les joins en fin d’article, pour celleux que ça pourrait concerner).

Les premières scènes de la pièce sont plutôt lumineuses. Après une chanson sur les différents alcools disponibles dans un bar, on assiste à la première rencontre entre Fred et Charles. Même après avoir lu le synopsis de la pièce, il est possible de se faire duper par le début. Le Charles nerveux et maladroit du bar ne laisse rien présager de la personne violente et possessive qu’il se révélera être. Celui-ci obtient même l’approbation auprès des proches de son conjoint. Il y a, certes, quelques signaux par-ci, par-là, mais il est facile de passer à côté. Le sentiment de fausse sécurité suscité par ces premières scènes montre à quel point il peut être difficile de dire si une personne a des tendances violentes ou non. La pièce met aussi en avant les mécanismes qui amènent les victimes de violence conjugale à demeurer dans leur relation toxique. À force de se faire dire des bêtises, on finit par les croire. Et par se les répéter en boucle dans sa tête. La victime se met à croire qu’elle ne vaut rien, que personne d’autre que son agresseur.euse ne sera capable de l’aimer.

La scène dispose de peu d’éléments de décor, à l’exception d’un bar composé de bouteilles. Il pourrait s’agir d’une référence au lieu où Charles et Fred se rencontrent pour la première fois… Ainsi qu’à l’éventuel alcoolisme de ce dernier. Il y a de nombreux interludes musicaux au cours de la pièce, peut-être une référence à l’amour de Fred pour le karaoké, amour dont Charles est jaloux.

Je tiens finalement à souligner l’excellent jeu d’acteur, surtout en ce qui concerne les interprètes des personnages principaux, Pierre-Olivier Roussel (Fred) et Marc-Antoine Sinibaldi (Charles), dont la performance illustre parfaitement l’évolution de leurs personnages. Pierre-Olivier Roussel est particulièrement impressionnant dans le rôle de Fred. Il réussit à faire percevoir au spectateur la violence des coups que Charles porte, non pas juste au corps, mais aussi à son âme. Je suis sortie de la salle bouleversée et songeuse, signe d’une pièce de qualité, selon moi.

Pour les intéressé.es, les représentations se poursuivront jusqu’au 23 mars.

Ressources

CAVAC (Centre d’aide aux victimes d’actes criminels)

1-866-532-2822

IVAC (Indemnisation des victimes d’actes criminels)

Sans frais, au Canada seulement : 1-800-561-4822

Région de Montréal : 514-906-3019

INTERLIGNE

Offre un soutien aux personnes LGBTQ+, aux proches et au personnel de différents milieux.

1-888-505-1010

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