La déesse des mouches à feu : à fendre les coeurs et les corps

Inspiré du (très bon) roman de Geneviève Pettersen, La déesse des mouches à feu trace le portrait d’une jeune fille et de son groupe d’ami.es sur fond de mescaline, d’effondrement familial et de premières fois. En salles le 25 septembre.

Réalisation : Anaïs Barbeau-Lavalette | Scénarisation : Catherine Léger d’après le roman de Geneviève Pettersen | Distribution : Kelly Depeault, Caroline Néron, Normand D’Amour, Marine Johnson, Robin Lhoumeau, Antoine Desrochers

Par Emmy Lapointe, cheffe de pupitre aux arts

Au-dessus des capitales
Cette semaine, j’irai revoir La déesse des mouches à feu. Je ne fais jamais ça aller voir deux fois un film au cinéma, même pas Harry Potter. C’était jeudi dernier le visionnement de presse. Ça fait une semaine, et je n’arrive toujours pas à écouter la version de Voyage voyage de Soap&skin (la chanson de la fin) sans pleurer. J’ai eu du mal à prendre des notes pendant le film, j’ai eu la gorge pognée souvent, c’était la caméra je pense.

J’ai lu le roman de Geneviève Pettersen à sa sortie. J’avais 18 ans. À ce moment-là, je devais avoir fumé un joint, vomi deux fois en lendemain de veille max, mes parents ne se s’étaient jamais disputés pour la pension alimentaire. J’ai grandi en ville, l’endroit le plus isolé pour se soûler, c’était les plaines d’Abraham, et avant de lire le livre, je pensais que de la mescaline, c’était quelque chose qui ressemblait à de la praline. En le lisant, j’avais quand même eu l’impression de me trouver devant une fenêtre de vérités, pas les miennes évidemment, mais celles de quelqu’un d’autre, et si elles étaient vraies pour quelqu’un, elles allaient l’être pour moi aussi ou pour n’importe qui qui tomberaient sur ces mots-là.

Plus loin que la nuit
Quand j’ai vu la distribution, j’ai été surprise, pas des jeunes, des parents plutôt. Caroline Néron et Normand D’Amours me semblaient former un duo improbable, mais pour dire vrai, j’ai rarement vu autant de violence jouée avec autant de tendresse. La scène d’Offenbach en est une d’anthologie.

Kelly Depeault a visiblement été dirigée avec soins même si c’est évident que la caméra la cherche sans cesse. Plus discret et discrète peut-être, mais Robin Lhoumeau et Marine Johnson sont des forces sensibles.

Regarde l’océan
J’ai l’impression de ne pas être capable de parler du film, parce que tout ce que j’en ai tiré, ce sont des sensations. J’avais mon carnet de prêt pour prendre des notes pendant la représentation pourtant. Je suis sortie avec des gribouillis de vagues et des ratures.

Je sais que la palette de couleurs était bien, que le rythme était imposant, que la scène du party final sous les airs d’opéra avait quelque chose d’orgiaque et d’étrangement sacralisant, et qu’on n’atteint jamais 17 ans sans morceaux de verre au travers de la gorge.

Crédits photo : Entract films

 

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