Obi-Wan Kenobi : la saturation des franchises

Au moment d’écrire ces lignes, la minisérie Obi-Wan Kenobi vient tout juste de s’achever sur Disney+ avec sa sixième et dernière partie. Si le premier épisode avait tout pour susciter en moi l’espoir d’enfin retrouver un peu de qualité dans cette franchise qui bat de l’aile depuis son rachat par Disney en 2012, les suivants n’ont fait que confirmer le contraire. Avec le retour tant attendu des acteurs Ewan McGregor, Hayden Christensen, on aurait légitimement pu s’attendre à une série ayant une qualité au moins supérieure à celle de la série Mandalorian. Hélas, il n’en est rien.

Par William Pépin, chef de pupitre aux arts

Plateforme : Disney+ | Scénario : Hossein Amini et Joby Harold | Production : Kathleen Kennedy, Michelle Rejwan, Deborah Chow, Ewan McGregor et Joby Harold | Distribution : Ewan McGregor, Hayden Christensen, Vivien Lyra Blair, Moses Ingram | Musique : Natalie Holt et John Williams

Plus de dix-sept ans après la sortie de Star Wars : La Revanche des Sith, dernier épisode de la prélogie racontant la transformation d’Anakin Skywalker en Darth Vader et sixième épisode de la saga originale créée par Georges Lucas, nous voilà enfin devant la suite des aventures du Maître Jedi Obi-Wan Kenobi. La série se déroule dix années après son combat contre son ancien apprenti et dix ans avant les événements de Star Wars : Un nouvel espoir. Désabusé et reclus, un événement dont je tairai la nature viendra chambouler sa retraite pour le remettre sur les rails (rouillés, voire érodés) de l’aventure.

Comme dans le bon vieux temps… mais sans les moyens

La première chose qui frappe avec cette série Obi-Wan Kenobi, c’est son manque affligeant de moyens, comme en témoignent ses décors vides dans la majorité des scènes et ses dialogues aussi fins que ceux d’un épisode de Caillou. Bon, en ce sens, il convient de spécifier que les scénarios de la prélogie Star Wars ne sont pas non plus de très haut calibre avec leurs blagues de pets et leurs répliques parfois dignes des feux de l’amour, mais les incohérences s’y faisaient déjà plus rares. Peut-être que les dialogues et retournements nanardesques sautent davantage aux yeux ici tant les décors en carton et les environnements sans personnalité peinent à faire diversion en comparaison de ses prédécesseurs cinématographiques.

Ewan McGregor, Maître Jedi ou cache-misère?

Si la série semble créer un tel engouement auprès de sa communauté d’admirateurs, c’est en grande partie dû à son acteur Ewan McGregor, qui revisite pour une quatrième fois les habits du célèbre Maître Jedi incarné pour la première fois par Alec Guinness en 1977. Son interprétation s’avère efficace : il incarne à merveille ce personnage brisé par les traumatismes et les années. Ni tout à fait comme nous l’avions laissé à la fin du troisième film ni semblable au personnage d’Un nouvel espoir, McGregor offre une performance rafraîchissante et présente une nouvelle facette de ce protagoniste tant apprécié par le public.

Un dernier épisode qui sauve (un peu) la mise

Si la sixième et dernière partie de cette minisérie rattrape les précédents en termes d’enjeux et d’ambiance, on en ressort tout de même avec un arrière-goût de « trop peu, trop tard ». Oui, les scènes y sont plus impressionnantes – tout comme la musique, d’ailleurs –, mais le tout crée un déséquilibre en rapport aux cinq premières parties, ces dernières n’ayant pas su faire monter adéquatement la tension. Cette dernière partie donne donc tout ce qu’elle peut pour rattraper le temps perdu et satisfaire les fans de la franchise, prouvant peut-être qu’un film d’une heure trente aurait sans doute suffit. Le tout demeure pour moi un échec cuisant, une déception à oublier.

Ça y’est, il est temps de passer à autre chose

Avec les récents échecs (soit commerciaux, soit critiques) de la franchise Harry Potter (Les Secrets de Dumbledore), Jurassic World : Dominion et maintenant Star Wars, on est en droit de se demander si le gavage que l’on nous offre côté franchises depuis plusieurs années n’est pas sur le point d’arriver à son terme. Malheureusement, la créativité ne semble plus avoir sa place dans cette industrie devenue plus cynique qu’ambitieuse.

© Crédits photo : Lucasfilm Ltd.

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