Presque : célébrer la vie (et la mort)

Presque est un film réalisé par ses deux acteurs principaux, soit Bernard Campan (Les Trois Frères, La face cachée, Les Inconnus) et l’écrivain-philosophe Alexandre Jollien. Les deux hommes nous proposent ici une réflexion profonde sur notre rapport à la mort tout en mettant en scène la naissance d’une amitié improbable. En salle le 8 juillet.

Production : JMH Productions et Pan Européenne | Distribution : Les Films Opale | Genre : Comédie dramatique | Réalisation : Bernard Campan et Alexandre Jollien | Scénario : Bernard Campan, Alexandre Jollien et Hélène Grémillon | Distribution : Bernard Campan, Alexandre Jollien, Marilyne Canto, La Castou | Durée : 91 minutes | Sortie en salle : 8 juillet 2022

Par William Pépin, chef de pupitre aux arts

Louis est directeur d’une société de pompes funèbres. Igor a un esprit vif dans un corps handicapé. Par un hasard qui n’appartient qu’à la vie, les chemins de Louis et d’Igor se croisent. Tous deux embarquent dans une aventure qui les dépasse et de loin. Les deux hommes aux personnalités opposées découvriront qu’ils ont plus de choses en commun qu’ils ne le croient…

Pour une prémisse aussi simple que celle de Presque (et déjà vu mille fois ailleurs), la mise en place de l’intrigue est assez longue. Toutefois, après près de quarante minutes de film, le scénario décolle et nous emmène enfin sur ce parcours atypique en compagnie de Louis (Bernard Campan), un croquemort presque aussi froid que sa clientèle décédée et Igor (Alexandre Jollien), une personne en situation de handicap dont la curiosité philosophique et littéraire n’a d’égale que sa soif de nouvelles expériences.

Certaines contradictions font sourire. Par exemple, le personnage d’Igor, amateur de philosophie stoïcienne et résiliant de nature, est également un grand hypocondriaque. Le contraste de caractère entre les deux protagonistes, ingrédient fondamental de tout buddy movie qui se respecte, prête aussi à souffler du nez. Cependant, le choc des personnalités n’aboutit pas à des effets comiques stériles : il en résulte plutôt une réflexion sur nos préjugés et sur l’altérité, même si la manière d’aborder ces thématiques ne casse pas trois pattes à un canard en termes d’originalité. En ce sens, les nombreuses citations à Nietzsche et Spinoza, bêtement plaquées sur les dialogues, n’aident en rien. Au contraire, elles alourdissent inutilement la trame.

Buddy movie
Le contraste de caractère entre les deux protagonistes, ingrédient fondamental de tout buddy movie qui se respecte, prête à rire.

La vie et la mort se tutoient constamment dans Presque, notamment par l’image et le choix de certains plans. La photographie de Christophe Offenstein y est d’ailleurs pour beaucoup, puisque ce dernier arrive à créer une esthétique oscillant entre froideur et chaleur, entre la grisaille d’un chez-soi qui nous rebute et une douce lumière méditerranéenne nous évoquant le passage des personnages vers une nouvelle étape de leur existence. Les performances de Bernard Campan et d’Alexandre Jollien apportent grandement à cet ensemble plus proche d’un rite initiatique et d’une réflexion sur la mort que d’un film humoristique. Si Presque ne fait pas toujours rire, le film risque tout de même de vous faire sourire à quelques reprises.

© Crédits photo : Les Films Opale

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