Quel avenir pour la représentation nationale ?

L’ASSÉ est morte, vive l’ASSÉ!

Bien qu’il reste encore deux semaines avant que les associations membres décident du sort de l’ASSÉ, beaucoup d’indicateurs portent à croire qu’un autre cycle du mouvement étudiant se conclura sous peu, alors que la FEUQ devient progressivement un souvenir chez les plus ancien(ne)s et que l’ASSÉ se remet difficilement de sa tentative ratée de grève sociale en 2015.

Cycle, car ce n’est pas la première fois qu’un renouvèlement s’opère, tant au niveau de la base militante que de la structure de représentation. Les moments d’accalmie entre les luttes plus mobilisatrices sont souvent le théâtre de grandes remises en question, où la structure décisionnelle apparait désuète, et l’horizon d’un gain ne suffit plus à mobiliser les troupes.

On peut tuer l’ASSÉ – et c’est probablement ce qui arrivera dans les prochaines semaines – mais il restera un trou béant en terme de mobilisation étudiante. Je ne dis pas qu’il est impossible de se mobiliser ailleurs, mais plutôt que l’ASSÉ constituait le véhicule le plus efficace pour le faire sur les différents campus de la province depuis plus de 15 ans. Il faudra le remplacer, car les visites dans les bureaux de ministres ne peuvent se substituer à la force de la rue … cette impression que tout est possible, qui nous traversait en 2012.

UEQ : rassembleuse, vraiment ?

Le principal argument défendu lors des balbutiements de l’Union étudiante du Québec était son potentiel rassembleur. Exit les guerres de clochés entre les « fédés » et les « assos de gauche », on invite tout le monde à la même table et on redéfinit ensemble ce qui adviendra de la représentation nationale des étudiant(e)s après 2012. Or, presque quatre ans plus tard, force est d’admettre que le gâteau ne lève pas, alors que la CADEUL a refusé pour une seconde fois de se joindre à l’UEQ.

Je lève toutefois mon chapeau aux membres du conseil exécutif, qui sont passablement chahutés lors des débats d’affiliation. Le travail de recherche et de représentation est long et demandant, et ce ne sont pas des poubelles renversées qu’on reçoit lors des rencontres pré-budgétaires.

AVEQ une longueur de retard

L’Association pour une voix étudiante québécoise est probablement la grande laissée pour compte sur plusieurs campus, notamment à l’Université Laval. Levez la main ceux et celles qui ont entendu parler de cette option ! Proposant une structure décentralisée favorisant les actions locales et l’implication dans d’autres sphères de la société, l’AVEQ regroupe 45 000 étudiant(e)s sur 3 campus. Là encore, il n’y a pas de quoi téléphoner à sa mère.

Je lève aussi mon chapeau au conseil exécutif, qui doit tenter de se faire connaitre et reconnaitre en ne bénéficiant pas de la vitrine de l’UEQ, ni dans les médias, ni dans les associations de campus. Rappelons que l’AVEQ est née dans le processus de création de l’UEQ, après que des associations de régions aient claqué la porte des rencontres préparatoires, signant le manifeste anti-feuq 2.0.

Une question d’échelle

Plus que jamais, un paradoxe organisationnel majeur semble freiner toute tentative de rallier les étudiant(e)s ensemble à l’échelle de la province. D’un côté, on prône une logique de démocratie directe et participative, pensant l’action sociale comme le principal moteur de la mobilisation. De l’autre, on préfère une approche fédérative dans une structure de représentation. Ainsi, on priorise des actions de représentation et des campagnes de communication publique

C’est bel et bien un cycle qui se répète, car plusieurs clameront que les mêmes problèmes étaient tout aussi saillants « dans leur temps », opposant la FECQ, la FEUQ, la TACEQ et l’ASSÉ. Comment le surmonter ? Les plus cyniques vous diront que ce paradoxe est inhérent au fait de se regrouper politiquement comme étudiant(e). Les plus optimistes lanceront une nouvelle association nationale dans 10 ans.

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