Photo : Élia Barbotin

D’où vient le clivage idéologique à Québec ?

La semaine du 19 octobre en aura été toute une à Québec, avec la tenue samedi des manifestations de La Meute, Storm Alliance, Atalante Québec et la milice III % qui étaient opposés à bon nombre d’antifascistes et d’antiracistes. Une bonne partie de la ville avait les yeux tournés vers la colline parlementaire ce jour-là, tellement le clivage idéologique était fort.

Malgré tout, la police est parvenue à limiter les heurts physiques et les bris matériels en évitant surtout que les deux grands groupes se croisent sur le boulevard René-Lévesque.

Chose certaine : la tension était forte, et on s’insultait d’un côté comme de l’autre. Encore une fois, La Meute a tenté de démontrer son pacifisme, se dissociant même du groupe Storm Alliance pendant la marche, son porte-parole Sylvain Brouillette ayant souhaité demeurer près de ses membres.

Et le comble : à l’intérieur du Centre des congrès ce jour-là, il y avait un événement politique important : celui du Parti libéral du Québec. Les Couillard, Charest et Fournier de l’équipe libérale étaient tous présents, ce qui ajoutait encore une couche de tensions au niveau social, la corruption politique étant directement ramenée à l’agenda médiatique.

Ironique quand même, cette image. Les politiciens à l’intérieur, se préoccupant d’abord et avant tout de leur parti et leurs propres intérêts. Et dehors, deux clans sociaux divisés, qui de par leur présence expriment une profonde polarisation idéologique dans la Vieille Capitale. À part quelques réponses courtes aux médias sur le sujet, on a semblé vouloir ignorer la chose à l’Assemblée nationale.

Suite logique

Somme toute, ce qu’on voit actuellement à Québec n’est pas étranger à la montée de l’extrême-droite un peu partout au Canada et dans une bonne partie de l’Europe, mais également à l’élection de Donald Trump aux États-Unis.

C’est une suite logique, mais ça se contrôle, par des campagnes concrètes pour le vivre-ensemble et plus d’efforts contre le racisme, la haine et toute forme d’anti-immigration. Ça se condamne, évidemment, et surtout, ça se limite. Même si elle n’était pas parfaite, loin de là, l’action policière a au moins réussi à restreindre des confrontations physiques, même si cela a malheureusement empêché certains de s’exprimer totalement « librement ».

Beaucoup d’étudiants

Sur place samedi, il y avait plusieurs jeunes et de nombreux étudiants. Là-dessus d’ailleurs, il y a quelques semaines, Impact Campus publiait un reportage sur l’influence que peuvent avoir des groupes comme La Meute à l’Université Laval.

La Meute et les campus : une association à surveiller

Sans sonner l’alarme de la panique ou de l’alarmisme, le but de ce reportage était de démontrer que le phénomène (l’extrémisme en soi) peut gagner du terrain et tenter de « recruter » des membres sur des campus.

Et nous n’avions pas tort, au fond. Quelques jours à peine après la publication, Atalante Québec affichait bon nombre de publicités idéologiques de droite un peu partout dans des pavillons de l’UL. Même l’administration de Sophie D’Amours a dû réagir, affirmant qu’elle condamne l’extrémisme et prône plutôt l’ouverture sur le monde.

Des affiches d’Atalante Québec à l’Université Laval

Je ne crois pas qu’il faille « s’inquiéter » du rapprochement, car au fond, ces groupes tentent de recruter partout dans la société de toute manière. Or, une chose demeure : les réseaux sociaux, les universités et tous les autres espaces densifiés de Québec demeurent des cibles intéressantes pour des groupes extrémistes. La rue l’est également.

Autre rassemblement

Peu de gens en ont entendu parler tellement l’éclipse médiatique des incidents de samedi a été forte, mais il y avait également un rassemblement #MoiAussi contre les violences sexuelles ce dimanche, dans les jardins Saint-Roch.

Une initiative de Viol-Secours Québec à laquelle une centaine de personnes ont répondu présents. Un public majoritairement jeune, encore une fois.

Voilà un autre enjeu, d’ailleurs, qui touche de plein fouet les étudiants et les campus, eux qui sont d’abord et avant tout victimes des violences sexuelles. Il y avait moins de monde, mais tout autant de passion dans les discours, et surtout la même volonté d’agir pour une même cause sociale.

Nous en avons d’ailleurs assuré une couverture complète dans l’un de nos reportages, que je vous invite à consulter ici.

« Nous aussi » : pour faire la différence

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