Racisme systémique : notre part de blâme

Ce mardi, Impact Campus publiait une critique de la représentation du film afroféministe Ouvrir la voix de la réalisatrice Amandine Gay.

À la suite de la parution de l’article, le Réseau des étudiant(e)s noir(e)s et afro-descendant(e)s de l’Université Laval (RENADUL) a émit en réaction une lettre ouverte sur son blogue qui adresse un certain nombre de critiques à l’endroit du journal.

Tout d’abord, nous reconnaissons ce que l’article désigne comme le racisme systémique, et que, bien que cela dépasse largement le cadre de nos volontés, Impact Campus peut entretenir cette dynamique entre les personnes racisées et ce qu’on pourrait désigner comme une majorité blanche. Il est question de la composition de l’équipe de rédaction – des personnes blanches – et des journalistes, eux(elles) aussi blanc(he)s.

Nous rappellerons ici que les processus d’embauche pour chacun des postes étaient ouverts à toute la communauté universitaire, et que notre équipe ne fait aucune discrimination quant à la sélection des journalistes bénévoles. La réalité est que notre bassin change constamment, et est toujours à renouveler. Malgré ces précautions, le résultat demeure toutefois le même, et c’est en quoi nous reconnaissons notre part de responsabilité.

Il y est ensuite relaté que nous avons « confié » l’article à une étudiante blanche française, ce qui posait problème dans le contexte profondément anti-colonial du film. D’abord, Impact Campus ne confie pas d’articles à des journalistes. Les assignations sont publiées chaque mardi et ce sont les bénévoles qui doivent ensuite sélectionner un sujet parmi ceux qui sont proposés. On mentionne aussi que l’équipe de rédaction aurait volontairement rejeté la candidature d’une étudiante noire et afroféministe au nom du biais potentiel que cela représentait. La seule personne ayant pourtant manifesté son intérêt pour la couverture est la journaliste qui y a été affectée. À aucun moment, il a été question du biais d’une autre candidature : il n’y en a pas eu.

Par ailleurs, le journal tient à marquer la différence entre un biais – qui est potentiellement dans chaque couverture – et un conflit d’intérêts – qui invalide la couverture de quelqu’un pour des raisons évidentes.

La lettre affirme ensuite qu’Impact Campus fait preuve d’un semblant d’ouverture, « utilisant » les personnes racisées pour se faire du capital politique. Cela nous semble à l’encontre de nos valeurs, et toute couverture ayant laissé cette impression nous désole. Nous ne sommes toutefois pas responsables de la teneur des évènements organisés par l’UL, qui peuvent parfois laisser une impression que tout va bien dans le meilleur des mondes. Impact Campus ne peut se permettre de critiquer de front ces évènements, à moins que des personnes se mobilisent pour le faire.

Finalement, on réduit le travail journalistique de Nora Legrand à sa couleur de peau. On reproche une couverture simpliste, perpétuant le rapport colonial. Comme cette dernière le mentionne dans sa lettre de réponse, cet argument semble contre-productif, au sens où il reproduit le schème dénoncé. De plus, comme celle-ci le souligne, elle ne fait pas partie de la majorité blanche, étant elle même descendante du nord de l’Afrique.

L’équipe de rédaction s’excuse ainsi auprès des personnes qui auraient pu être choquées à la lecture de l’article ou de la réponse du RENADUL, réaffirmant au passage sa volonté d’inclure un maximum d’étudiant(e)s intéressé(e)s par le journalisme dans son équipe de rédaction, et de leur permettre d’écrire sur tout sujet qui les intéresse.

Cordialement,

L’équipe de rédaction d’Impact Campus

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