Photo Carl Vignola et Alexandra Côté-Durrer

Ultra-Trail Harricana : un parcours difficile cette année pour les athlètes

La comparaison entre les temps de l’an dernier à ceux de ce week-end en dit long : presque une heure d’écart sépare le 1er arrivé de l’édition 2022, Elliot Cardin, du meilleur temps 2023. Pourtant, ce n’était pas le niveau qui manquait aux coureurs.euses aligné.es sur la ligne de départ le vendredi 8 septembre. Humidité pesante, sentiers mouillés et techniques ou nid de guêpes agressives : c’est sans doute ce qui a nui aux temps des grand.es athlètes à s’être présenté.es le 8 septembre pour le départ du 125km UTHC. Ces conditions difficiles ont certainement rendu l’aventure encore plus épique.

Par Florence Bordeleau-G, journaliste multiplateforme

 

12h00, stationnement du lac à L’Empêche. La météo est incertaine : on annonçait de la pluie, mais l’eau semble vouloir rester sous sa forme de nuage, ou d’humidité. En effet, on est à peine sorti de la voiture que notre peau devient moite, et que les cheveux des enfants frisottent. L’ambiance est à l’intersection de la fébrilité, de la concentration et de la compétition. C’est que le départ de la plus longue épreuve de l’Ultra-Trail Harricana du Canada (UTHC) rassemble cette année des gros noms du monde de la trail. Des Québécois.ses comme Mylène Sansoucy, Jean-François Cauchon, Jean-Philippe Thibodeau, David Jeker, Claudine Soucie, ou Geneviève Asselin-Demers sont rassemblé.es pour une compétition qui s’annonce féroce – mais ce n’est pas tout : quelques stars internationales se présentent aussi à la ligne de départ, comme le Marocain Aziz Yachou et les Français Antoine Pillon et Cédric Chavet.

À 12h50, le directeur de course cède la parole à l’animateur de l’Ultra-Trail du Mont-Blanc, Ludovic Collet, sur les mélodies de Morricone dans sa musique du film Le bon, la brute et le truand, « car sur cette trail, il faudra être un peu des trois », annonce le Français avec intrigue. Bon avec les autres coureurs.euses si en difficulté, brute envers le sentier, truand car il faudra jouer du coude pour se tailler une place sur le podium.

La difficile ascension des Morios – Photo : Alexandra Côté-Durrer

Supportant moi-même un coureur de l’épreuve, j’ai pu me rendre à différents points de ravitaillement (« ravitos »), et ai eu l’opportunité de voir les dynamiques entre les têtes de course. À la station d’eau des Morios, 26,5 kilomètres après le départ, les participant.es assoiffé.es remplissaient leurs bouteilles à vive allure avant l’ascension sportive qui s’annonçait, se sachant poursuivi.es de près par leurs assaillant.es. Le ton était déjà mis : la course allait être serrée, bien que des écarts en accordéons se creusaient parfois au fil des kilomètres. La seule chose qui pouvait adoucir cette compétition, on l’a su d’entrée de jeu, c’étaient donc les résurgences de vieilles blessures, ou des nouvelles imprévues. C’est ce qui arriva : ravito après ravito, au compte-goutte, des coureurs élites quittaient les sentiers. Ce fut entre autres le cas de nos stars locales comme Jean-François Cauchon, qui a dû abandonner à peu près à mi-parcours, ou Victor Larocque, qui a perdu son rythme jusque-là excellent peu après la tombée de la nuit, le conduisant à quitter les sentiers. Yachou a aussi dû se retirer de la compétition après le ravito des Hautes-Gorges.

Geneviève Asselin-Demers à l’arrivée. Photo : Alexandra Côté-Durrer

Les coureur.euses de tête cependant sont restés à peu près les mêmes durant toute l’épreuve, allant jusqu’à compléter les 125 kilomètres de l’UTHC littéralement en même temps : ils ont traversé la ligne d’arrivée d’une seule foulée. Voilà qui en dit long sur l’esprit de collégialité qui s’est instaurée entre Jean-Philippe Thibodeau, Cédric Chavet et Antoine Pillon durant leurs 15 heures 30 minutes de course. Geneviève Asselin-Demers a quant à elle complété le parcours seule en 17 heures 20 minutes, ce qui l’a placée première femme, avec une avance confortable, et 6e au classement général. Elle a été suivie par Mélina Dubois Verret (18h21) et Claudine Soucie (18h24).

Crédit photo en bannière : Carl Vignola et Alexandra Côté-Durrer

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