Photo : Courtoisie StockSnap

Critique: Corridor et Silver Dapple à l’Anti Bar & Spectacles

Le retour au bercail de Corridor aura probablement été plus difficile que prévu jeudi dernier à l’Anti. Le premier spectacle en sol canadien du quatuor montréalais après une tournée française sans doute arrosée de champagne, de fromage et de vins exquis, fut une belle réussite musicale, mais un événement malheureusement assez décevant. 

Salle vide à l’Anti. Une réalité maintenant trop commune des spectacles souterrains dans la capitale. Cet article ne se veut pas un éditorial, personne n’y sera pointé du doigt. Peut-être un jour écrirai-je une chronique incendiaire sur la situation culturelle désolante de la vieille ville, mais aujourd’hui ne sera pas ce jour. Tout cela pour dire que la salle est presque silencieuse, ne comptant que quelques inconditionnels du milieu des spectacles et quelques irréductibles fanatiques de Corridor. Les échos des dernières notes d’une chanson de Kurt Vile fondent au noir et Silver Dapple monte sur scène avec la charmante maladresse des spectacles intimes. 

Intime et convaincant

Le groupe fuzz pop à la composition changeante était constitué pour la soirée d’Emily Brooklyn et de Melissa Di Menna aux guitares et aux voix, ainsi que de Julien Bakvis et de Dominic Berthiaume, respectivement à la batterie et à la basse. Les filles ont offert des harmonies de guitare fuzzées,  relativement claires, surtout en comparaison avec leurs contemporains du genre (pensons notamment aux Montréalais.e.s de No Joy et Femme Accident). On retrouve tout de même la constance rythmique et les voix éthérées.

La section rythmique, d’ailleurs partagée avec Corridor, est particulièrement efficace, venant ponctuer les guitares avec un rythme tantôt dansant, tantôt motorik, tantôt complémentaire au chaos contrôlé créé par les deux guitaristes et chanteuses. L’ensemble donne une performance aussi distancée qu’intime qui aura su convaincre la mince mais attentive foule. 

Un mélange de classiques et de nouveautés

On prend une courte pause, le temps d’un changement de guitaristes. Corridor prend la scène devant une salle toujours aussi peu peuplée, mais enthousiaste. Dès les premières pièces, plusieurs spectateurs.rices chantent en chœur les paroles du groupe. Le spectacle sera majoritairement composé des pièces de leur excellent nouvel album, Supermercado, mais le groupe pige aussi dans leurs anciens classiques, y incluant une bonne quantité de pièces tirées du Voyage éternel, leur second album. 

Au plaisir des fans de toujours, les montréalais entonnent même pour la première fois depuis un bon moment des pièces de leur premier EP Un magicien en toi. Les paroles de Oiseau, on cogne à la porte sont chantées avec entrain dans la foule. L’ensemble du spectacle était un heureux mélange d’anciennes pièces, définitivement plus influencées par le guitar rock canadien (pensons à Women, Dories, Telstar Drugs, etc.), et de nouvelles pièces, plus pop, mélodiques et psychédéliques.   

Une performance solide, notamment les pièces Coup d’épée, Retour au bercail 3D et Passage secret, qui furent toutes à leur manière des moments forts de la soirée. Le groupe termine leur prestation sur une belle note en offrant en rappel le succès souvenir Panique au village. 

L’énergie à laquelle le groupe nous a habitués n’était pas toujours au rendez-vous, mais il est difficile de leur en tenir rigueur compte tenu des circonstances un peu tristes du spectacle. 

Corridor sera à Montréal avec Halo Maud dans le cadre du Coup de cœur francophone le 10 novembre prochain.  Silver Dapple poursuit une tournée dans les Maritimes, se produisant notamment avec Yamantaka//Sonic Titan et Whoop-Szo. 

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