Bird People : Moineau et Malboro

Le 5 décembre dernier sortait en salle le film Bird People de la réalisatrice française Pascale Ferran. Un long-métrage qui se verra peut-être marquer le cinéma français de l’année 2014.

Gary Newman (Josh Charles) se réveille en sueurs au beau milieu d’une trop jolie nuit parisienne. Paniqué, il sort en trombe de sa chambre d’hôtel et court dans le hall pour atteindre les grandes portes du lobby. Une fois dehors, Gary Newman respire et comprend : il n’aime pas sa vie. Le lendemain, téléphone à l’oreille et Malboro à la bouche, il lâchera tout : pays, travail, femme et enfants.

Audrey Camuzet (Anaïs Demoustier) est une jeune étudiante et femme de chambre. Entre les heures supplémentaires et les petites fêtes manquées, la tête appuyée contre la fenêtre de l’autobus elle se questionne, puis abandonne. Et un soir où le grand air se fait plus qu’attrayant, Audrey se transforme en moineau et vole de fenêtre en fenêtre.

Ce qui unit ces deux histoires, c’est le Hilton où l’un réside et où l’autre travaille. Spirituellement, Gary et Audrey sont posément et obscurément fusionnels : leur douce innocence, leur soif de voler et de vivre instinctivement font d’eux des bird people.

L’atmosphère rendue par la réalisatrice Pascale Ferran est plus que remarquable. On passe du très réaliste à l’onirique, du survol aérien à l’immobile exigu, de Skype à la métamorphose animale, et ce, sans choc aucun grâce à un montage plus qu’habile. Les images se succèdent, puis se composent de manière crédible et émouvante. La musique s’enchaîne, puis commente sans dicter les émotions au spectateur. Les symboles se suivent, puis s’assemblent dans une fin merveilleusement ouverte. Bird People de Pascale Ferran est d’une forme et d’un esthétisme à la fois clinique et langoureux.

Si on oublie les quelques longueurs et la petite prépondérance de la première histoire sur la deuxième, le scénario du film paraît particulièrement bien écrit. Les personnages – d’ailleurs parfaitement interprétés – sont tout simplement brillants. Le fond du long-métrage de Pascale Ferran est vif et fort.

Bird People est un film à voir et à revoir, autant pour la façon dont il est amené que par sa manière d’être raconté. Ce sont deux heures qui valent la peine et le tarif. Même si ce n’est que pour y voir une incroyable envolée lyrique surplombée de Space Oddity, chanson du grand David Bowie.

4/5

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