Mois Multi : L’envers du décor

Multiples et diversifiées, les installations de cette 16e édition du Festival d’arts multidisciplinaires et électroniques du Mois Multi nous proposent une immersion à travers une panoplie d’expériences sensibles et visuelles.

Marie-Christine Landry

L’artiste multidisciplinaire Herman Kolgen, en collaboration avec David Letellier, nous présente une installation monumentale située à l’extérieur du Musée national des beaux-arts du Québec. Quatre sculptures sonores nous offrent, en temps réel, quatre vents : Nantes, Rennes, Montréal et Québec. Plusieurs capteurs manipulent les sculptures afin de représenter le plus fidèlement possible, tantôt la direction, tantôt le son des vents dominants de chacune des villes. Le tout propose une chorégraphie à quatre qui relie deux continents à travers un symbole mouvant, rassembleur et puissant: le vent. « Celui-ci dépasse toutes les frontières », précise Kolgen. L’artiste évoque d’ailleurs son envie de refaire l’expérience avec des pays différents, notamment ceux en situation de conflits.

Chez Méduse

L’artiste Louis-Philippe Demers, quant à lui, insuffle une intelligence sensorielle à son œuvre dans The Blind Robot, présenté dans la salle Multi du complexe Méduse. Deux bras mécaniques tentent de déceler la forme de notre visage en nous effleurant du bout de ses doigts. Une expérience surprenante qui nous force à laisser tomber quelques appréhensions. Quelles sont les intentions du robot ? Nous sommes inévitablement portés à craindre son toucher et pourtant… Un beau dialogue entre la robustesse mécanique et la douceur sensorielle.

Tropique, une œuvre d’Étienne Rey, nous plonge dans une expérience comprenant à la fois musique et lumière. L’artiste, qui s’intéresse à notre perception de l’espace, nous confronte, par la densité de son oeuvre, à notre perte de repère. Un dépaysement total, toujours dans la salle Multi.

Dans le studio d’essai du complexe, La Couvée d’Alexis O’Hara évoque un univers créatif totalement différent : Et si l’on pouvait observer l’intérieur du corps d’une femme ? Une expérience immersive douce et feutrée où l’on est invité à contempler des formes qui évoquent des ovules. La finesse des matériaux, souvent attribués à l’artisanat, permet d’affirmer la féminité de l’œuvre.

Au centre VU

Deux expositions se déploient du côté du centre VU. Fenestra de l’artiste Léna Mill Reuillard et BPM 37093 de Julie Tremble. Fenestra évoque la poésie et l’attente à travers la contemplation d’un atelier. Ici, la lumière se fait sujet. L’abstraction de l’espace, évoqué entre autres par l’absence de contenu narratif, rappelle un paysage pour l’artiste. L’exposition comprend à la fois une projection vidéo ainsi que des photographies.

Dans l’espace européen se trouve l’œuvre de Julie Tremble : trois créations artistiques rassemblées sous le thème de l’étoile BPM 37093. L’artiste nous présente plusieurs propositions qui évoquent notamment les phénomènes astronomiques tels que nous les percevons dans la culture populaire. Calculs scientifiques proposant la distance entre un astéroïde et la Terre, animation 3D de la transformation du carbone d’une étoile en diamant et présentation de différentes images tirées du sensationnalisme des films catastrophes sont au rendez-vous.

Les installations sont présentées du 12 au 22 février 2015. S’en suivra la clôture du Festival avec le retour de quelques performances.

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