Québec en toutes lettres : Quand Ajar rencontre Gary

C’est une littérature fringante et orgueilleuse qui déambulait dans les rues de la Capitale-Nationale à l’occasion de Québec en toutes lettres. Accoutrée de ses plus beaux habits et maquillée de fards comme de mystères, la Littérature a séduit les plus et moins grands amoureux de mots.

Pour sa cinquième année, le festival s’est permis un thème des plus novateurs. « Doubles et Pseudos » a été la source d’inspiration pour la programmation d’octobre 2014. On soulignera plus particulièrement l’œuvre de Romain Gary, « auteur de la supercherie littéraire la plus importante de la France » de l’avis de Christiane Vadnais, coordonnatrice du festival. Au départ, le festival était orienté autour de cette figure marquante de la littérature française, avant de s’élargir pour englober les doubles identités afin de plaire à un plus grand public, souligne Mme Vadnais.

Dans tous les cas, c’est en force avec Gros-Câlin ou conférence sur la solitude des pythons dans les grandes villes au Théâtre Premier Acte que s’est amorcé le festival littéraire. Il s’agit d’un long monologue racontant l’histoire et les pensées de Michel Cousin, un statisticien marginal qui décide de faire l’acquisition d’un python pour palier son manque d’affection. La pièce, adaptée d’un roman de Gary, a été scénarisée, mise en scène et interprétée par Pascal Contamine, un artiste au talent pur et soudain qui surprend par trois excellentes performances. Assis dans notre siège, puis sur scène ou dans le cœur du marginal, on devient tour à tour spectateur, acteur et personnage. Qualifiée de « pièce sur la solitude de l’homme contemporain » par Christiane Vadnais, Gros-Câlin a lancé le festival en grand avec ses trois représentations à guichets fermés.

Québec en toutes lettres, avec la Littérature à son bras, a ensuite pris le chemin de la Basse-Ville avec la présentation de La petite communiste qui ne souriait jamais, une lecture musicale par l’auteure Lola Lafon et son musicien Olivier Lambert. On y racontait l’année 1976 et les notes parfaites de Nadia Comaneci aux Jeux Olympiques de Montréal. Partant d’élans narratifs en passant par des effets sonores pour aboutir avec des chansons connues, la lecture avait de quoi captiver l’auditoire. Malheureusement, les chocs des cultures et des générations pouvaient rendre le récit incompréhensible. On pouvait s’y perdre trop facilement.

On s’y retrouve toutefois deux jours plus tard avec Paroles sur images, un mariage élégant d’auteurs et de dessinateurs qui racontent « en direct » des histoires de tous genres. On voit une conférencière qui « crosse » les gens bien comme il faut, puis on entend un message Facebook racontant l’histoire d’amour et de douches de deux jeunes garçons. On en ressort certainement tranquille, mais aussi violenté de l’intérieur.

Si Québec en toutes lettres nous quitte, c’est pour mieux revenir. Avec plus de 200 écrivains et artistes invités, une programmation parcourant la ville par 23 différents points de rencontres et au moins 41 audacieuses activités, l’édition 2014 peut être qualifiée de franc succès. L’équipe du festival se dit satisfaite du déroulement de la cuvée 2014 : « On a eu plusieurs salles combles […] On a atteint nos objectifs en matière de qualité de présentation, de fréquentation », témoigne Christiane Vadnais.

Le festival nous laisse la Littérature entre les mains, encore plus belle et plus accessible qu’avant. Il reviendra toutefois l’année prochaine, le cœur battant, pour charmer les lettres d’un tout nouveau thème : la liberté de création et la liberté d’expression.

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