On a tous un oncle, une grande sœur, un grand-parent particulièrement captivant qui sait jongler avec les mots pour saisir notre attention dans une aventure rocambolesque – le conte a cet aspect chaleureux et familier, qui outrepasse le lien de parenté : troquer son salon avec la scène de la Maison de la littérature pour écouter des conteur.euse.s aguerri.e.s, c’est une sortie rafraîchissante!
Par Sabrina Boulanger, journaliste multimédia
C’est le Festival de contes et menteries qui débutait le 22 avril et en fin de semaine, quatre artistes des Premières Nations sont venus raconter des histoires, des contes et des légendes au public qui était perché à leurs lèvres. Ce sont donc les voix de Édouard Kaltush, Innu de Nutashkuan, d’André Mowatt, Algonquin de Pikogan, de Jacques Newshish Atikamekw de Wemotaci et de Jean-Charles Johnny Piétacho, Innu d’Ekuanitshit qui ont porté des mots tantôt comiques, tantôt touchants. Ces conteurs évoquaient grand-mères, caribous, soupes, naissance, sapinage et raquettes, de quoi éveiller tous les sens au fil des récits. Des sujets abordés légèrement relataient parfois des drames, parfois des plaisirs, et surtout donnaient un aperçu de connaissances et de langues transmises oralement entre générations.
Les contes sont des lieux de mémoire collective, qui croisent l’enseignement et le ludisme. La trame narrative crée un cadre sensé tandis que des connaissances environnementales s’y logent : cela mène à une compréhension éclairée d’un sujet et surtout à la rétention de cette information. Les quatre messieurs ont pris le temps de nous partager des bribes de leur vie, des souvenirs de jeunesse, des anecdotes de famille et des rites de chasse. Et avec une affection immense pour leur territoire et leur culture, ainsi qu’un grand désir de partage avec le public.
Je suis une grande amatrice d’histoires, quelle que soit la forme qu’elles prennent – poésie, court-métrage, BD, name it. Mais parmi toutes, le conte a quelque chose de particulier, je l’écoute les yeux fermés, laisse le.la conteur.euse imager mon esprit, suis ses émotions qui peuvent varier d’une représentation à l’autre. J’apprécie son accessibilité et les réflexions qu’il apporte, et j’aime comment le conte a un pied dans le réel mais qu’il se farde de fantaisie, qu’il s’ancre dans le territoire mais qu’il s’évade dans l’imaginaire collectif – tout à la fois!
C’est un art magnifique que de savoir conter et le Festival de contes et menteries représente un rendez-vous assuré avec l’émerveillement. Il se tiendra jusqu’au 1er mai, fouillez dans la programmation pour trouver une thématique qui sera de votre goût!